Errance glacière
Rien à voir avec Very Bad Trip, cette comédie finlandaise s'aborde plutôt comme une épopée homérique mais sans épique. Amusant mais oubliable.
En version originale, ça s'appelle Lapland Odyssey, anglicisme louable devant le road-trip comique qui est près à s'offrir à nous. Mais quitte à radoter, les lois de la distribution s'amusent à trahir les titres à leurs guises. Toujours en ligne de mire : Very Bad Trip, succès surprise de 2009, se décline ici en Very Cold Trip. En gros, marrez-vous mais cette fois ci dans le Nord de l'Europe -en Finlande pour être précis-,et surtout n'oubliez pas de prendre les pop-corn et le coca avant la séance. Janne, trentenaire glandeur, se voit posé un ultimatum par sa copine Inari. Soit il se décide enfin à aller chercher un décodeur pour enregistrer Titanic, soit elle le quitte. Courageux comme Scoubidoo, Janne se lance à reculons dans ce périple pourtant normal. A priori.
La nuit déjà bien pesante, c'est tard le soir que le garçon se bouge le cul. Le tout pour une aventure avec ses potes. Des bains pleines de « lesbiennes tueuses » à un accident des plus ridicule, Very Cold Trip ne lésine pas sur les péripéties connes. Il dégage une forme de bonhomie, simple et directe. Le film profite de sa linéarité, la ligne directrice étant claire comme de l'eau de roche. La question est de voir jusqu'où ce trio de crétins ira dans une course contre la montre des plus absurdes. Le sommet est atteint lorsque dans un ton légèrement mélancolique, Janne tente le tout pour le tout en voulant laver des pare-brises de voitures pour avoir l'argent nécessaire. Il est à ce moment 5 heures du mat' par une température de -15°C.
Pas franchement hilarant, le film de Karukoski demeure amusant, un brin loufoque. Reste une relative faiblesse dialoguée. Heureusement, il y a le personnage de l'ex, sorte de pervers au look proche du meurtrier de Lovely Bones. Sa truculente manigance pour récupérer la douce Inari offre une respiration à un scénario calibré sur les rails du road-trip. Il aurait gagné en magnétisme du grand Nord. Car même pas très bien filmé, Very Cold Trip profite des grands espaces en toc et de la lumière incomparable de la Scandinavie. De même que la base sociétale en or, celle du chômage et du suicide en Laponie, ne s'exprime que trop peu. Sans réclamer un périple ken-loachien, l'influence des difficultés de non-activité s'arrête dès que le personnage est cerné. Reste que Very Cold Trip, essai de raillerie nordique amuse mais s'oublie aussi vite.
Very Cold Trip, de Dome Karukoski, avec Jussi Vatanen, Jasper Pääkkönen, Timo Lavikainen (Fin., 1h35, 2011)
En salle de 8 février 2011
La bande-annonce de Very Cold Trip :