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17 juillet 2009 5 17 /07 /juillet /2009 08:39

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Retour devant la caméra pour Clint Eastwood pour nous livrer avec puissance une œuvre sur la rédemption et le rejet du communautarisme d'outre-Atlantique.

 

Nous avions laissé Clint Eastwood à ses petites histoires d'enlèvement d'enfants l'an dernier avec l'Echange. Quant à sa dernière apparition devant la caméra, elle remonte à l'excellent Million Dollar Baby. Le Eastwood version 2009 raconte la retraite peinarde de Walt Kowalski, retraité raciste de la guerre de Corée. Bien malgré lui, le vétéran se retrouve avec des voisins Hwongs (peuple vietnamien ayant combattu au coté des américains lors de la guerre du Vietnam), dont le jeune Thao. La vie de Walt se résume à tuer le temps, fusil toujours à portée de main, à laver sa Gran Torino 1972, voiture qu'il a vu naitre quand il travaillait chez Ford. Alors, Gran Torino, film beauf avec grosse cylindré et chasse aux « niaks », comme les surnomme le vieil homme?

 

Loin de là, bien entendu. La première bonne idée du film est de ne jamais faire rouler la Gran Torino, hormis à la fin, faisant ainsi de l'objet de fierté du retraité une sorte d'œuvre d'art intouchable. Alors, quand Thao tente de lui voler sa voiture, Walt explose de colère. Le personnage d'Eastwood est intéressant à plus d'un titre. Si ses sarcasmes ouvertement xénophobes font rire jaune le spectateur, c'est peut-être car ce dernier veut bien croire à l'irréalisme de comportements pourtant bien courants. Kowalski fustige de tous les noms les étrangers dès qu'une occasion se présente. Pourtant, l'acte de rédemption se construit au fur et à mesure du film, quand, petit à petit, Thao hérite du savoir de Walt, de ses biens, mais aussi de sa confiance. Son exorcisme est total puisqu'il se libère de ses erreurs de Corée dans une ultime confrontation forte en symbole.

 

Clint Eastwood se construit un antihéros total, allant volontairement vers une dérision de se qu'il fut à l'époque des Sergio Leone, ou du flic impeccable dans Un Monde Parfait. Ses plans sont toujours posés, prenant le temps de montrer les choses sans jamais tomber dans le mollasson. Au spectateur d'apprécier. Eastwood s'est écarté de la trame parfois complexe d'un Mystic River pour nous livrer une œuvre claire, presque convenue. C'est peut-être là toute la force de Gran Torino, pas besoin de faire original, tant la statue est peaufinée, tant sa volonté de rejeter cet élan réactionnaire en lui est une réussite.

  

Gran Torino, de et avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her (U.S.A., 1h55, 2008)

La bande-annonce  de Gran Torino ci-dessous :

 

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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 14:01

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10 ans après Titanic, un couple mythique se reforme, pour le meilleur et surtout pour le pire. Un pur chef-d’œuvre intimiste inspiré par Sam Mendes.

 

A l’époque de Titanic, le public fut subjugué par l’amour de Jack et Rose, interprétés par Leonardo Di Caprio et Kate Winslet. Aujourd’hui, les deux acteurs ont pris de l’âge, de l’ampleur aussi. C’est sous la houlette de Sam Mendes (American Beauty) que les voilà réunit. Changement de registre ici puisque s’ils forment un couple vu comme modèle, celui-ci bat de l’aile.

 

C’est comme si les héros de Titanic, ancrés dans les années 50 avaient survécus ensemble au naufrage du paquebot et c’étaient installés dans une jolie petite maisonnette blanche version « american way of life ». Si tout semble aller bien, le personnage de Kate, April, aimerait regoûter aux saveurs des premiers temps, à un amour enivré. Les noces rebelles parle de l’abandon des rêves. Chez tout le monde, il y a cette obligation à finir dans le moule. Frank Wheeler, le mari, en est l’exemple parfait. La trame fait peu à peu basculer le couple dans un enfer de vie conjugale, où les valeurs américaines sont pointées du doigt. Mendès tape une nouvelle fois là où ça fait mal. Seulement, quand il perdait parfois pied avec American Beauty, Sam trouve toujours à montrer des choses nouvelles, des drames plus profonds dans le cœur d’April, une déchirure et des regrets plus forts chez Frank. Les noces rebelles se veut comme un miroir au blockbuster de James Cameron, référencé principalement par une scène d’adultère dans une voiture.

 

Le plus impressionnant est sans nul doute l’immense vraisemblance des scènes (nombreuses) de disputes. Les deux protagonistes principaux jouent juste, alternant énervement physique, hurlements, passages calmes, destruction de bibelots et réconciliations de raison. La société que nous expose Sam Mandès fait froid dans le dos. On se dit indubitablement que tout cela va nous arriver, que les idéaux ne sont qu’un écran de fumée face aux obligations de la vie réelle. Si pour les tourtereaux tourmentés l’inaccessible bonheur s’appelle Paris, cette ville sert de support à n’importe quel rêve abandonné quand l’innocence de la jeunesse nous a quitté. Le décor, blanc et ascétique, les gênes des personnages secondaires, l’abandon dans lequel Winslet/ Di Caprio sont enfermés, les enfants chassés du champ de la caméra régulièrement, tout cela installe un duel inévitable et récurent au sein du couple. Et ce n’est pas les dernières minutes du film, cruelle de cynisme qui vont vous remonter le moral.

 

 

Les noces rebelles, de Sam Mendes, avec Kate Winslet, Leonardo DiCaprio (U.S.A., 2h05, 2008)

 

La bande-annonce des Noces rebelles ci-dessous :

 

 

 

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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 18:51

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Franchise juteuse au succès indiscutable, les héros de l'Age de glace sont de retour. Si l'usure pointe, elle n'est pas pour tout de suite.

 

On se souvient des pitreries de Sid le paresseux, Manny le mammouth et Diego le tigre lors du premier Age de glace. A l'époque, le petit groupe, uni par contrainte, ramenait un petit humain dans sa famille. Puis, dans un second opus plutôt décevant, les créateurs remontaient le temps pour créer un réchauffement climatique. La famille se forme: Ellie, femelle mammouth et ses « freros » Crash et Eddie rejoignent le casting. Avec le temps des dinosaures, il est question de paternité. C'est gentil, mignon et c'est surtout l'occasion pour Sid de s'illustrer par sa bêtise.


Qu'on se rassure, la troisième fournée est de meilleure qualité que la précédente. Mère accidentelle de bébés T-Rex, Sid entraîne ses compagnons dans le monde anachronique des dinosaures. Perdu dans le monde gigantesque des dinosaures, le spectateur se concentre sur l'aspect intime des personnages, utilise le cocon familial comme protecteur d'un univers hostile.La 3D, très en vogue, fait son apparition. Elle donne une profondeur de champ qui met en valeur les décors de jungle luxuriante. Sur le plan technique, l'Age de glace 3 est sans conteste encore plus réussi que les précédents.


Le fond est également travaillé, faute d'être novateur. Le deuxième épisode se révélait assez plat dans ses péripéties. Ici, les choses vont dans tous les sens. Nous suivons tour à tour le périple de Sid, de ses amis qui cherchent à le sauver et en parallèle de Scrat, la mascotte de la franchise. Le petit rongeur, toujours aussi accro à son gland, va tomber sous le charme de l'écureuil vamp Scratina. C'est une nouvelle fois dans cette partie du récit que les créateurs se lâchent. La farce est souvent attendue, presque simplette mais elle marche toujours autant auprès du public. On nage dans un revival des Tex Avery et Cie. Afin de ne pas se ramollir sur le reste, les scénaristes ont inclus un petit nouveau dans la bande. Buck est une fouine déjantée, chasseur de dinos et aventurier vantard. Ce personnage fait plaisir à voir, sans pour autant se révéler incontournable à la série.


Une série qu'il est tant de finir. L'engouement important suscité et le succès à prévoir font craindre un hypothétique quatrième épisode. Au rythme des remontées dans le temps, il serait possible que l'Age de glace 4 se passe au temps de la création de notre stratosphère. L'usure guette la série, comme l'a connu Shrek. Bye à toi Sid et tous tes amis, on aimerait bien ne plus vous revoir.

 


L'Age de glace 3- Le temps des dinosaures, de Carlos Saldanha avec les voix françaises d'Elie Semoun, Gérard Lanvin, Vincent Cassel (U.S.A., 1h40, 2009)

La bande-annonce de l'Age de glace 3 - le temps des dinosaures ci-dessous:

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26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 21:54

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Emmanuel Mouret toujours aussi lunaire s’entoure bien et s’offre un vaudeville déjanté. Plus profond qu’il n’y parait, Fais-moi plaisir est un objet étrange emprunt d’une maladresse calculée.

 

On pourrait le voir comme une gentille comédie un peu désuète, tout juste bonne à un hommage aux films des années 40. On pourrait penser que les aventures du personnage d’Emmanuel Mouret, acteur/ réalisateur, ne sont pas très réalistes. On peut aussi se rendre compte que Fais-moi plaisir ! est bien plus que ça. Ariane (Frédérique Bel) pense que Jean-Jacques fantasme sur une autre. Afin de surpasser sa jalousie, elle lui demande de coucher avec cette autre.

 

Seulement voilà, malgré ses réticences, Jean-Jacques se retrouve chez la fille du président de la République, jouée par Judith Godrèche. Le voilà embarqué dans une escapade nocturne façon The Party dans les méandres élyséens. Moiret s’incarne en utopiste de l’amour courtois. La maladresse charmante de tous ses personnages ne sont pas si éloignés de la réalité. En fait, aussi bavard soit il, le film montre des hommes et des femmes en face de choix complexes. Ils pensent tout haut, hésitent comme tout à chacun devant la dualité pulsions/ raison.

 

Le jeu est très théâtral, les gags inspirés de Blake Edward. Mais il y a des situations cruelles pour le héros de ce marivaudage. Comme Tom Cruise dans Eye Wide Shut, il passe une nuit interminable où le sexe et ses plaisirs se présentent à lui plusieurs fois sans jamais y parvenir. Toute la tension  amoureuse et humoristique se situe là. Fais-moi plaisir ! évite le piège du gag trop lourd, de la gestuelle à la De Funès tout le temps. Chacune de ses trois compagnes de soirée, Frédérique Bel, Judith Godrèche et Déborah François, insuffle un véritable vent de légèreté sensuel. Les relations nouées ouvrent en plus la question de la sincérité en amour, du désir à réaliser ou non. Woody Allen s’est embourbé en lourdeur dans ses escapades européennes après Match Point. Sans en retrouver autant de saveur, Fais-moi plaisir se regarde comme une comédie du new-yorkais à ses heures les plus légères, et les plus américaines.

Fais-moi plaisir, d’Emmanuel Mouret, avec lui-même, Judith Godrèche, Frédérique Bel, Déborah François (Fra., 1h30, 2008)

La bande-annonce de Fais-moi plaisir ci-dessous :

 

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 22:34
 

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Riad Sattouf, génial dessinateur de Charlie Hebdo rend enfin service au cinéma comique français. Voici un film transgénérationnel réussit. Pour le plus grand malheur de nos souvenirs adolescents.

 

« Tourne pas toujours ta langue dans le même sens quand tu embrasses », « genre, elle me disait, oh oui merci de me faire jouir ! » Non vous ne rêvez pas, un français a osé mettre de telles répliques dans son film. Ce tour de force, on le doit à Riad Sattouf, homme qui au vu de sa masse capillaire naturelle porte bien son nom. On le connaissait comme auteur de BD (Ma circoncision, Pascal Brutal), le voilà réalisateur. Les Beaux gosses raconte l'histoire de tout ado du collège qui se laisse submerger par ses hormones. Hervé, nigaud au physique ingrat veut sortir avec une fille. Si possible avec l'une des plus jolies, Aurore. Il y a aussi Camel, coupe mulet et hard-rockeur aux racines tunisiennes; le meilleur pote semble ne connaître que le métal et les films pornos.

 

La vraie qualité des Beaux gosses se situe avant tout dans son esprit intemporel. Pas d'année précise, ni de ville spéciale, cette histoire pourrait arriver n'importe où. Les réactions sont tout aussi banales. Camel, Hervé, des prénoms passe-partout. Contrairement à l'ignoble pseudo-comédie L.O.L., énorme succès populaire injustifié, les p'tits gars du collège vous disent quelque chose. Loin du côté, « ouais je suis à la mode avec ma coupe de B.B brunes », les Beaux Gosses nous ressemblent. L'idée directrice est finalement que les jeunes d'aujourd'hui sont comme ceux d'hier, et comme ceux de demain: obsédés par le sexe, cruels entres eux, un peu con tout de même, mais champion dans l'acte de rédemption (« désolé j'ai été con, mais depuis j'ai vécu des choses, tu vois !). Si les traits sont forcés à outrances -comme le veut la comédie américaine actuelle, façon Ben Stiller-, on ne peut que souffrir en se disant que nos 15 ans ressemblaient plus ou moins à ça. Débarrassé du côté tecktonikeur, la barrière générationnelle est dépassée.

 

Les cas parentaux sont aussi savoureux. Noémie Lvovsky est hilarante en mère d'Hervé dépressive, accro à son gamin jusqu'à lui demander s'il se masturbe. Le « maman, t'es chiante » nous appartient tous, le film ne se prive pas de l'exploiter. La joyeuse bande d'élèves attire également une réelle sympathie à s'être laissé filmer sous l'angle des pires défauts. Il leur a sûrement fallu une sacré dose d'autodérision, qualité très rare à l'adolescence. En fait, le premier film de Sattouf ne souffre que d'un défaut : ses qualités. Pour faire simple, on espère juste que toutes les comédies ne vont pas nous mettre une telle claque moqueuse en nous disant; « eh, tu étais pareil à son âge! » Pour la masturbation dans les chaussettes, je proteste. 


Les Beaux gosses, de Riad Sattouf, avec Vincent Lacoste, Anthony Sonigo, Alice Tremolière (Fra., 1h30, 2008)

La bande-annonce des beaux gosses ci-dessous :

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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 22:32

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 Conte noir réalisé par l'auteur de l'Etrange Noël de M.Jack, Coraline est un habile film d'animation old-school. Beau et captivant.

 

 

L'ambiance n'est pas tout à fait étrangère à un certain l'Etrange noël de M. Jack. Pour cause, l'homme responsable de ce Coraline n'est autre qu'Henry Selick. L'américain est souvent relégué au second plan face au travail de Tim Burton. Pourtant, le véritable maitre d'orfèvre des aventures du squelette, c'est Selick. Coraline s'ouvre justement sur un clin d'oeil burtonnien, avec d'étranges pinces à la Edward aux mains d'Argent concoctant une étrange peluche avec des boutons sur les yeux.

 

Adaptation d'un roman de Neil Gaiman, ce film d'animation raconte l'ennui d'une gamine, fraichement emménagée dans un grand manoir. Délaissée par des parents trop occupés, elle découvre un merveilleux monde parallèle, où son Autre Mère cuisine de bons petits plats, son Autre Père joue avec elle, où elle est couverte de cadeaux et de douceurs familiales. Mais chose étrange, les protagonistes de ce nouveau monde ont des boutons à la place des yeux, tel les grecs mettaient des pièces sur les yeux de leurs défunts. Car si la première partie de Coraline se veut onirique, le rêve tourne au cauchemar. A la manière d'Alice au pays des merveilles, ce qui apparaît superbe et acidulé comme un bonbon arlequin se révèle être un jeu dangereux tel la carie pour une dent. Pour ne pas tomber dans un contraste d'ambiance trop flagrant entre ces 2 parties distinctes du scénario, Selick et ses nombreux collaborateurs ont joué fin. Ce monde incroyable et doux distille un côté inquiétant, comme si c'était trop beau pour être vrai. A contrario, le cauchemar ambiant se révèle tout de même poétique. Un peu comme le Ying et le Yang recèlent une part de leur inverse en eux.

 

Mais le tour de force de ce Coraline est surtout sa mise en scène. Tout le côté rafraichissant réside paradoxalement dans sa méthode de réalisation old-school. Fait avec le bon vieux système de l’image par image, il est impressionnant de constater le travail pointu de toute l'équipe de tournage. Le tournage fut long mais voici un résultat probant. Les scènes dans le jardin ou celle des souris sauteuses impressionnent au plus haut point. Plus coloré esthétiquement que L'Etrange noël..., l'univers est plus effrayant. Le spectateur est véritablement embarqué dans cette fable pas qu'enfantine. Face à son auguste prédécesseur, dans le cœur du public, la jeune fille pourrait ne souffrir que d'un manque (très relatif) de personnages aussi charismatiques que les Jack Skellington et consœurs. Encore que... A quand les tasses et poupées Coraline?

 

 

Note: le film existe en version 3D pour certains cinémas. Ne l'ayant pas vu en l'état, je ne peux pas me prononcer sur ce point. J'attends vos éventuelles remarques.


 

Coraline, d'Henry Selick, avec les voix de Dakota Fanning, Teri Hatcher, Jennifer Saunders (U.S.A., 1h40, 2009)

La Bande-annonce de Coraline ci-dessous:

 

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 18:35

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Lars Von Trier ne se prend pas pour un nul. Pourtant, son dernier joujou puritain est un ramassis malsain de tout ce qu'il faut éviter au cinéma.

 

Prix d'interprétation féminin à Cannes, Charlotte Gainsbourg est aux anges. Pourtant, son rôle ô combien diabolique ne méritait pas tant d'honneur. Sous l'égide de Lars von Trier, la voilà avec son acolyte Willem Dafoe dans Antichirst, film de dérangé rendant la femme mauvaise, le sexe malveillant et le Diable en sauveur.


Mais reprenons depuis le début. L'histoire tragique s'ouvre sur la mort de l'enfant du couple alors qu'ils font l'amour. Pour nous montrer cela, Von Trier ne peut s'empêcher d'alourdir une scène d'ouverture baroque assez ignoble. Faux noir et blanc tirant sur des teintes bleutées avec musique d'Haendel, un pénis qui pénètre le vagin (supposé) de Charlotte Gainsbourg le tout au ralenti. Une publicité Lars von Trier qui vous vend la mort d'un enfant sur un faux air d'art et d'essai. Comble du scénario ridicule, le mari, psy dans la vie, se met à soigner sa femme. Voici donc le premier psychanalyste qui soigne sa famille. Le délire ne s'arrête pas là. La femme, forcement faible et coupable chez le réalisateur danois, cherche à faire le deuil. Le bavardage pseudo-intello sur la culpabilité n'en fini plus. Histoire de caser quelques plans stylés, Von Trier n'a rien trouvé de mieux que de créer des exercices d'introspection pour la mère. Elle s'imagine dans une forêt dangereuse, brouillard et silence pesant. C'est joli, proche d'un tableau, mais ça ne sert à rien.


Pourtant au vu du délire qui suit, on se dit que ce début de film n'était pas si mal. A l'instar d'un Breaking The Waves (qui avait au moins le mérite de nous toucher), la femme doit souffrir et faire souffrir son mari. La culpabilité trop lourde doit être expiée par là où le mal vient. Mutilation du clitoris, coup de buche sur le pénis, branlette ensanglantée, il n'y a aucune limite. En bon puritain qu'il est, l'auteur de tout cela met en avant un thème biblique déformé: le Diable et les méfaits de la nature humaine. Preuve en est, la petite cabane où se retire le couple s'appelle Eden. Au réalisateur de distiller son discours christique ultra-déformé, faisant passer la religion catholique pour un grand délire d'épouvante. La violence est gratuite, sans recherche de fond comme l'était Shining ou Taxi Driver.


Alors, dans ce tableau, il y a la douce Charlotte Gainsbourg, adulée même par les détracteurs de ce film. Il est vrai qu'elle donne de sa personne (tout comme Willem Dafoe), et alors? Méritait t-elle un prix d'interprétation à Cannes? C'est bizarre, mais la présidente du jury Isabelle Huppert a eu le même prix sur le même thème: la femme qui se mutile, qui souffre, au point de détruire son organe du plaisir. Offrir un prix aussi important pour des rôles aussi pénibles à voir (et je ne parle pas des cris d'hystériques poussés un peu tout le long d'Antichrist) est un sale message pour les actrices en devenir :« Mutilez vous à l'écran, faisant passer la femme pour un objet du mal, et vous aurez un prix à Cannes. »


La démarche d'Antichrist reste incompréhensible. Choquer gratuitement? Peut-être, mais Von Trier se prend bien trop au sérieux. A-t-il un problème avec le sexe opposé? La peur du vagin l'effraie t-il à ce point? Sans sous-estimer son talent, on ne peut que rester dubitatif sur son avenir cinématographique s'il creuse le sillon qu'il a amplement entamé.

 

 

Antichrist, de Lars Von Trier, avec Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe (Dan., All., Fra., 1h44, 2008)

La Bande-annonce d'Antichrist ci-dessous:

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 12:41

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 Eric est postier, est paumé dans sa vie et n'a d'yeux que pour son dieu: Eric Cantona. Il l'imagine alors le conseiller. Un film (trop) léger du vieillissant Ken Loach.

 

Ken Loach a toujours aimé s'attacher aux petites gens, à raconter l'histoire tragique du quotidien. Avec Looking for Eric, il delaisse pourtant le côté dramatique pour qu'un vent de légèreté se lève. Eric Bishop a une petite vie de postier tristounette. Il ne gère plus ses deux beaux-fils, ne s'est jamais remis de sa séparation de sa première femme. Le film commence plutot bien ave un portrait naissant d'une angleterre grisonnante, maurose, qui ne cherche la fête et son salut qu'à travers le foot.


Loach imagine alors une thérapie pour son postier (pas Besancenot, son soutien politique officiel). Eric n'admire qu'un homme: Cantona. Pour les cro-magnons qui ne connaitraient pas le « king Eric », disons simplement que c'est l'un des plus grands footballeur de l'histoire, au coeur et à la gueule grande comme ça, et que même si l'on est pas d'accord avec lui, on n'ose pas le dire trop fort. Canto, c'est aussi un accent français du Sud terrible, un sens du spectacle magnifique et l'inspirateur de nombreuses vocations. La nouvelle vocation de ce dernier est le cinéma. Il joue dans ce film son propre personnage imaginé par le postier. Il ne parle que par proverbes, par enigmes. Cantona acteur n'est certes pas aussi génial que le sportif mais il se caricature avec talent et drôlerie (le fameux « I'm not a man, i am Cantona » est déjà culte). Un bon début. Pour tous, Canto n'est que dans l'esprit de Bishop, mais pour ce dernier, il est son conseiller. Avec ce support, il ose changer sa vie.


C'est dans cette deuxième partie du film que Looking for Eric perd pied. Le héros se noie dans une sorte de rédomption christique assez étonnante de la part du réalisateur trotskiste. Ce n'est ni vraiment drôle, ni vraiment touchant. Canto disparaît presque de l'écran au fur et à mesure que Bishop se débrouille par lui même. Pourquoi ne pas parler plus de l'univers social du football, de sa corruption, de sa face sombre. Tout juste est-ce évoqué lors d'une scène où des supporters dans un pub déplorent un Manshester United coupé de son origine ouvrière. On aurait aimé, à la manière des Virtuoses qui comptait la survie de mineurs des années 60 à travers le brass band, un lien plus fort travail/football. Du coup, la dernière demi-heure cherche une issue logique à son histoire sans jamais nous apporter grand chose. Si tous les acteurs sont plutôt bon, on ne retiendra que l'amour sans faille et l'admiration infinie du réalisateur pour le « King Eric ». Mais avait-on besoin d'un film pour le comprendre ?

 

Looking for Eric, de Ken Loach, avec Steve Evets, Eric Cantona, Stephanie Bishop (G.B., Fra., It., Bel., 1h59, 2008)

La Bande-annonce de Looking for Eric ci-dessous:

 

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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 17:39

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Aimer le cinéma et le faire savoir au spectateur: voilà le sujet du nouveau Pedro Almodóvar, avec en muse onirique la belle Penélope Cruz.

 

Volver en 2006 était une semi-déception avec son scénario plus fade et un détachement envers ses acteurs assez inhabituel chez le cinéaste. Grâce à Etreintes brisées, le cinéma de Pedro Almodóvar retrouve des couleurs. L'histoire paraît complexe, la bande-annonce nous entourloupe et le synopsis s'avère évasif. Le film n'est pourtant pas si alambiqué si on le résume volontairement maladroitement : voici l'histoire d'un amoureux du cinéma, un ancien réalisateur meurtri par un vieil accident. Cet homme s'appelle Mateo Blanco (l'excellent Lluis Homar) renommé Harry Caine depuis le drame qui lui a coûté la vue. Par necessité, il s'est reconverti dans l'écriture de scénarios. Autour de lui se greffent une attachée de production également attachée à lui, un fils étrange et revenchard, un autre innocent et curieux, un certain Ernesto Martel tout juste décédé et surtout une muse et amante qui semble avoir laissée des traces. Par flash-backs, le fil des évènements se dévoile peu à peu.


Tout le savoir faire de l'espagnol est mis ici en exergue par une mise en scène léchée, se concentrant sur ses acteurs. Les habitués sont là: Lola Dueñas, Blanca Portillo, Angela Molina et surtout Penélope Cruz. Admiration et amour sans bornes pour l'actrice sont les maitres mots qui affleurent à chaque séquence. Le regard profond de la belle absorbe l'objectif à tel point que le moindre de ses gestes prend une dimension érotico-fragile. Son personnage Lena est un mix entre la réincarnation d'Audrey Hepburn et celle d'Ingrid Bergman dans Voyage en Italie ( référence explicite lors d'une scène où le couple Mateo/Lena regarde le chef-d'oeuvre de Rossellini à la télévison).


Dans la pure tradition « almodóvaresque », Etreintes brisées apporte une mise en abyme sur le 7ème art. Cette fois-ci, la volonté de plonger le spectateur dans cet univers est encore plus flagrante. Documentaire parallèle, héros réalisateur, visionnage de rush, tout s'imbrique et donne de la profondeur. L'attention est aussi portée à tout se qui fait le cinéma: coiffures, maquillages, lumières, photographie. Etreintes brisées est un mélodrame presque hitchcockien dont la lueur d'amour éternelle n'existe qu'à travers l'oeil d'une caméra. C'est aussi une oeuvre très hollywoodienne dans cette façon de croire à un amour éternel au delà de la mort. Le drame lacrymal et perturbant est évité on ne sait comment, par une fin un peu moins sublime ou peut-être justement par une sobriété admirable. Au choix. 


Etreintes brisées, de Pedro Almodóvar avec Penélope Cruz, Lluis Homar, Blanca Portillo (Esp., 2h09, 2008)

La bande-annonce d'Etreintes brisées ci-dessous:


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17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 19:58

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Premier long métrage d’une jeune réalisatrice, un essai de comédie philosophique en stop-motion. Assez agréable dans sa forme, moins sur le fond.

 

La  jeune réalisatrice Tatia Rosenthal s’est lancée un ambitieux défi. En dépit d’un petit budget de premier long-métrage, la jeune femme s’inspire de nouvelles d’Edgar Keret, célèbre écrivain israélien. Le but, donner une leçon de vie, dénoncer un monde contemporain dénué de sens.

 

La bande-annonce est alléchante et la réalisation de ces petits personnages en pâte à modeler dynamise un sujet bien intellectuel. Le parti prit esthétique permet également de laisser libre court aux loufoqueries du film : SDF décédé qui revient hanter les vivants sous forme d’ange malpoli, petits êtres lilliputiens aux allures d’étudiants « sexe, drogue & rock’n’roll ». Le tout est relativement réussi. Il est néanmoins difficile de sortir de l’aspect miniaturisé. Conséquence : l’univers a du mal à se mettre en place. L’obstacle de l’animation empêche de s’attacher aux protagonistes. Pis, le coté film chorale où s’emboitent divers histoires entres voisins de paliers vide quelques peu la psychologie des personnages.

 

On aimera quand même le petit garçon qui fait de son cochon-tirelire son joujou préféré, offrant une jolie vision de l’enfance dénuée de la valeur de l’argent. On s’attachera aussi à ce petit vieux, un peu naïf et croyant (les deux vont-il ensemble ?) qui se fait squatter son appartement par l’ange-SDF. En revanche, le coup du père de famille qui a raté sa vie ou celui du jeune amoureux prêt à tout sacrifier ne convainc pas. Le sens de la vie pour 9,99$ surprend parfois, ennui souvent. Un joli essai un peu plat.

 

Le sens de la vie pour 9,99$, de Tatia Rosenthal avec les voix de Geoffrey Rush, Anthony LaPlagia (Aus./ Isr., 1h18, 2008)

 

 

la bande-annonce de le sens de la vie pour 9,99$ ci-dessous:

 

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