Riad Sattouf, génial dessinateur de Charlie Hebdo rend enfin service au cinéma comique français. Voici un film transgénérationnel réussit. Pour le plus grand malheur de nos souvenirs adolescents.
« Tourne pas toujours ta langue dans le même sens quand tu embrasses », « genre, elle me disait, oh oui merci de me faire jouir ! » Non vous ne rêvez pas, un français a osé mettre de telles répliques dans son film. Ce tour de force, on le doit à Riad Sattouf, homme qui au vu de sa masse capillaire naturelle porte bien son nom. On le connaissait comme auteur de BD (Ma circoncision, Pascal Brutal), le voilà réalisateur. Les Beaux gosses raconte l'histoire de tout ado du collège qui se laisse submerger par ses hormones. Hervé, nigaud au physique ingrat veut sortir avec une fille. Si possible avec l'une des plus jolies, Aurore. Il y a aussi Camel, coupe mulet et hard-rockeur aux racines tunisiennes; le meilleur pote semble ne connaître que le métal et les films pornos.
La vraie qualité des Beaux gosses se situe avant tout dans son esprit intemporel. Pas d'année précise, ni de ville spéciale, cette histoire pourrait arriver n'importe où. Les réactions sont tout aussi banales. Camel, Hervé, des prénoms passe-partout. Contrairement à l'ignoble pseudo-comédie L.O.L., énorme succès populaire injustifié, les p'tits gars du collège vous disent quelque chose. Loin du côté, « ouais je suis à la mode avec ma coupe de B.B brunes », les Beaux Gosses nous ressemblent. L'idée directrice est finalement que les jeunes d'aujourd'hui sont comme ceux d'hier, et comme ceux de demain: obsédés par le sexe, cruels entres eux, un peu con tout de même, mais champion dans l'acte de rédemption (« désolé j'ai été con, mais depuis j'ai vécu des choses, tu vois !). Si les traits sont forcés à outrances -comme le veut la comédie américaine actuelle, façon Ben Stiller-, on ne peut que souffrir en se disant que nos 15 ans ressemblaient plus ou moins à ça. Débarrassé du côté tecktonikeur, la barrière générationnelle est dépassée.
Les cas parentaux sont aussi savoureux. Noémie Lvovsky est hilarante en mère d'Hervé dépressive, accro à son gamin jusqu'à lui demander s'il se masturbe. Le « maman, t'es chiante » nous appartient tous, le film ne se prive pas de l'exploiter. La joyeuse bande d'élèves attire également une réelle sympathie à s'être laissé filmer sous l'angle des pires défauts. Il leur a sûrement fallu une sacré dose d'autodérision, qualité très rare à l'adolescence. En fait, le premier film de Sattouf ne souffre que d'un défaut : ses qualités. Pour faire simple, on espère juste que toutes les comédies ne vont pas nous mettre une telle claque moqueuse en nous disant; « eh, tu étais pareil à son âge! » Pour la masturbation dans les chaussettes, je proteste.
Les Beaux gosses, de Riad Sattouf, avec Vincent Lacoste, Anthony Sonigo, Alice Tremolière (Fra., 1h30, 2008)
La bande-annonce des beaux gosses ci-dessous :