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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 12:15

La maison des délices

 

Mini-cycle « fétichisme »

 

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Mise en abyme du droit à la liberté sexuelle sur fond de parodie de séries B, le seul film connu de Jim Sharman atteint son apogée dans le plaidoyer sous-jacent. Un film qui vous colle à la peau comme le latex.

 

Dès que les lèvres pulpeuses entonnent le premier air, The Rocky Horror Picture Show dévoile sa suave caresse. Celle d'un univers vu comme marginal. Homosexualité et transsexualité passent par le spectre de la bizarrerie parodique. Les séries B et autres films fauchés servent de structure frivole à un sujet finalement très profond. Celui du sexe sans limite, de l'esclavagisme sexuel et bien sûr du fétichisme en chacun de nous. Les deux héros, couple de coincés neuneus par excellence, se voit perverti par de terribles Transylvaniens. Rocky est une créature de Frankenstein, ici appelé Frank, un hôte freddy-mercurien époque I Want to Break Free*, magnifique en corset et bas nylons.

 

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Tout dans The Rocky Horror Show convoque l'amour épidermique. L'amour au cartoon d'abord tant on croirait un vieil épisode de Scooby-Doo dans lequel une famille Adams déglinguée vient mettre le boxon. Le film d'horreur est détourné. Janet et Brad, le gentil couple donc, partent de leur paisible ville de Denton pour aller rejoindre un vieil ami scientifique. Dès cet instant, la mécanique se met en place : la crevaison de nuit, le château hanté et les éclairs. Un air bien connu où tout se fait en chanson. Et pas n'importe lesquelles. Presque pionnier de futurs sonorités métal, le film s'amuse à croiser bleuette et horreur. Ainsi, les mariés du début font place au cimeterre. L'étrange demeure devient presque un antre à partouzes endiablées.

 

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Le docteur Frank si gay ressemble un peu au chanteur de Kiss (encore débutant en 1975). On se demande si David Bowie ne va pas débarquer au détour d'un escalier en colimaçon, entraînant dans sa danse nuptiale toute une série de cris en chanson. Si le film ne se prend pas au sérieux, il institutionnalise pourtant un peu plus le droit « à la différence ». Gay, hétéro, gros, moche, beau, petit, tous y trouvent une place. Le thème de l'eugénisme développé à travers ces humains qui n'en sont pas vraiment montrent une éclate possible tant que le plaisir est là. C'est bien ce que communique le film, chromatique de couleurs sans limite dont on pourrait attribuer un sens. Le noir (que l'on broie) se voit foutu en l'air par les filtres rouges et bleus de l'aventure sexuelle. Le teint pale de Riff Raff, sorte de Quasimodo, s'égaie de paillettes vengeresses type boule à facette en fin de film. The Rocky Horror Show met à la mode les tics discos avant l'heure. Une œuvre avant-gardiste qui a dérouté le public de l'époque.

 

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Mais ses séances de minuit à New-York et le culte qui l'entoure vient justement de l'amour qu'il communique. On bat le rythme en permanence devant le cabaret en place. Mieux mis en scène qu'un spectacle du Lido, plus libéré que ce dernier, The Rocky Horror Show fait vivre les chairs dans des tenues pour soirées de débauches délicieuses. Un plaisir doublé pour les cinéphiles tant on retrouve mille références. Des jeux de filtres à la Vertigo au professeur teuton en chaise roulante façon Docteur Folamour en passant par les doigts tatoués de la Nuit du Chasseur, c'est un délice permanent. Plus subtil (ou grossier, c'est au choix), les hommages à Claude Raims, au Choc des Mondes ou à la société RKO Picture.

 

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Reste quelque chose de plus profond. Comme quand le roi écoutait ses bouffons qui en profitaient pour dissimuler des messages sur leur société, The Rocky Horror Show fait galoper cette idée que la différence est vue avec dédain. Cette dernière image d'un globe dans le nuit, comme abandonné, fait écho à l'adieu aux héros, rampant comme des larves sur une terre calcinée. Eux qui ont goûté au fruit interdit, qui plus est à l'adultère et à la pédérastie, sont comme laissés seuls. On dirait un peu ce sentiment d'abandon quand on se fait larguer. Au milieu de nulle part, Janet et Brad, encore marqués physiquement par leur expérience (ils portent leurs costumes de cabaret), se retrouvent comme les danseuses de strip-tease au petit matin. Plus personne ne les regarde avec leurs cernes et le maquillage défait. Elles rentrent en taxi s'occuper d'un quotidien sans paillette, sans amusement. Pas rock'n'roll quoi. La gueule de bois. The Rocky Horror Picture Show milite pour une fête sans fin, une envie d'éclate sanguinolente. Let's Dance.

 

* la chanson I Want To Break Free ne sort qu'en 1984. La comparaison est donc anachronique mais sert à donner des repères.

 

The Rocky Horror Picture Show, de Jim Sharman, avec Tim Curry, Susan Sarandon, Barry Botswick (U.S.A., 1h40, 1975)

 

La bande-annonce de The Rocky Horror Picture Show :

 

 

 

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commentaires

B
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V
<br /> <br /> Ah, quand j'ai vu que tu publiais une critique, j'ai été curieux. Ce film a été l'un des premiers dans notre ciné-club et je dois avouer ne pas avoir été sensible aux avantages que tu mets en<br /> avant, même si, effectivement, certains éléments m'ont soit amusé, soit intéressé et que, franchement, la B.O. est réussie et entraînante. Mais je suis resté sur le carreau, ne sachant quoi<br /> répondre aux fans absolus qui l'avaient proposé.<br /> <br /> <br /> Merci.<br /> <br /> <br /> <br />
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