Ces feignasses d’enseignants
L'art du comique a besoin de se nourrir d'un minimum de connaissances sur son matériau pour rendre son sujet plausible. Bad Teacher n'en a cure et mise tout sur les gambettes de la torride Cameron Diaz.
Sombre année pour la comédie américaine. La tornade Very Bad Trip 2 illustre une certaine décrépitude du genre. Le grand savoir des meilleurs Farrelly ou Apatow venait d'un mélange de crétinerie absolue et de situations plausibles. Cas le plus emblématique : 40 ans, toujours puceau fondait sa farce sur le cheminement pas si débile que ça d'un mec qui n'avait jamais profité des plaisirs corporels (comprenez : qui n'a jamais niqué). Bad Teacher permet d'illustrer son exact inverse. Déjà comment croire à cette prof maquée à un riche qui se fait larguer sans raison apparente ? Si son côté vénal n'a rien de surréaliste, l'exercice de son métier de prof en façade laisse songeur. Et puisque madame se fait lourder dans la scène de rupture la moins drôle du cinéma récent, la voilà à se coltiner une caisse pourrie et un appartement avec un gros lard.
Le comble de l'improbable vient de sa capacité à rester enseignante malgré des méthodes pédagogiques flemmardes. Des profs borderline, du poète John Keating dans Le cercle des poètes disparus à Dewey Finn dans Rock Academy, construisaient bien mieux leur différence. Le défi pédagogique devenait même le moteur de l'histoire. Or, dans Bad Teacher, la nonchalance d'Elisabeth ne sert qu'à créer un conflit avec Amy, autre prof loufoque au potentiel comique infiniment plus prometteur. Pis, la méconnaissance du système scolaire U.S. se conjugue à l’inexistence des personnages d'élèves. Des clips commePopular de Simple Plan ou Baby One More Time de Britney Spears caricaturaient mieux en trois minutes le monde des couloirs de lycée.
Troisième problème essentiel à Bad Teacher : son incapacité à jouer avec les seconds rôles. Justin Timberlake, le seul à surnager, n'a pas la place de s'exprimer en collègue riche et beau gosse mais un peu neuneu. Les présences de Jason Segel, Phyliss Smith et Lucy Punch auraient mérité plus de soin. Cameron Diaz ne peut à elle seule se sortir d'un film mal dialoguée, rarement drôle et sans vraie surprise. Et encore, le final ne réhabilite pas le bon goût sinon nous aurions perdu la seule once de plaisir que provoque cette comédie. Bad Trip.
Bad Teacher, de Jake Kasdan, avec Cameron Diaz, Justin Timberlake, Lucy Punch (U.S.A., 1h30, 2011)
La bande-annonce de Bad Teacher :