On commence sur une vision fantastique, un gentil faon attrapé par une ombre à l’aube d’un bois. Puis très vite, l’adaptation du roman de la mormone Stephenie Meyer a tout pour agacer. Non pas que l’histoire soit ridicule au point que le défi était perdu d’avance. Pour preuve, malgré quelques maladresses, Coppola et son Dracula arrivait à créer une osmose interdite entre une mortelle et un vampire. Seulement, les livres de l’américaine revendiquent tout un penchant puritain détestable. Pas ou peu de baisers et surtout pas de sexe. Et s’il devait arriver cette chose horrible, à la mère de rappeler « as-tu pris de quoi te protéger ?»
Même en passant outre la niaiserie conservatrice américaine, Twilight : fascination pêche par sa mise en scène. Les scènes s’entrechoquent sans trop de cohérence. La faute sûrement à des passages escamotés faute de director’s cut. Conséquence : les dialogues, notamment dans la première partie sortent de nulle part. Et puis, quelle idée de garder cette voix off inutile à souhait. Son seul objectif est de rappeler aux cerveaux lents toutes les arrières pensées et les subtilités (un bien grand mot ici). Chose rare, on peut même s’en prendre aux maquilleurs. D’accord, ces buveurs de sang, mort de leur état, ont la peau pale. Sauf que la poudre au visage se voit bien trop. C’est d’autant plus choquant quand le cou parait plus bronzé. Même la douce Bella, bien vivante elle, est plus blanche que la neige. Pas crédible.
Pas crédible non plus l’univers. La réalisatrice Catherine Hardwicke n’arrive pas à lâcher son côté filmé en sitcom MTV. La caméra à l’épaule ne convient pas. Jamais le fantastique ne perce. La lumière, toujours trop pale, ne met rien en relief, pas même une chape de plomb noir comme le voudrait le genre. Comble du ridicule, ce passage où, pour expliquer que les vampires se trahissent à la lumière, Edward Cullen se dévoile brillant comme le diamant si peu que les rayons du soleil caressent son épiderme. Ca fait rire, ou pleurer, c’est selon, mais ça ne crée ni tendresse, ni effroi. Il y aurait encore beaucoup à redire sur la réalisation mais arrêtons là.
D’autant plus que les acteurs ne s’en sortent pas trop mal. On décèle un indéniable talent chez ses jeunes beaux (ou belles ) gosses. Les regards et les intentions servent une sensibilité voulue à fleur de peau. Trop rarement exploité. On découvre même avec stupeurs quelques passages presque réussis. La scène de la rencontre de Bella avec la famille vampire en fait partie. A chaque fois gâché dès le plan suivant. Cet essai aurait pu être une tentative louable si le phénomène médiatique ne nous bassinait pas. Et dire qu’il reste trois épisodes. Espérons qu’ils apprennent à utiliser la lumière et le maquillage au cinéma
Twilight- Chapitre 1 : fascination, de Catherine Hardwicke, avec Kristen Stewart, Robert Pattinson, Billy Burke (U.S.A., 2h10, 2008)
La bande-annonce de Twilight-Chapitre 1 ci-dessous :