Nouvelle perle venue de Corée du Sud, The Chaser est un thriller haletant. Inégal dans son rythme, il parvient néanmoins à passionner et s'avère plutôt inspiré.
Il fait nuit en Corée du Sud. Si possible, avec des trombes d'eaux s'abattant à tel point que les parapluies servent presque de bunkers. La jungle urbaine vit à cent à l'heure. Autant se faire du blé et profiter des envies sexuelles d'une bande de mâles en manque de chair. The Chaser commence donc dans un environnement déjà mille fois vu. Sauf que la musique permet d'office de se sentir envouté par ce qui s'annonce déjà comme un film sombre, très sombre. Joong-ho, bien qu'ancien flic, sévit désormais comme macro bureaucrate. Sauf qu'à force de voir ses filles disparaitre, il se pose des questions. Pas de secrets, le meurtrier se montre rapidement : il s'appelle Young-min Jee et ne ressemble pas franchement au prototype du psychopathe en puissance.
Le premier film d'Hong-jin Na est tout à fait passionnant. Il convient pourtant de diviser cette réussite en trois segments. Une première demi-heure où l'intrigue se met en place. On s'immerge de l'ambiance, de la lumière, de la tension. La demi-heure suivante, bien que maitrisée parait moins didactique et bizarrement un peu plus inégale. Le réalisateur ne livre sa copie quasi parfaite que durant la deuxième heure. L'étau se resserre, la confrontation devient tendue. The Chaser délivre à ce moment une vague de passages chocs, de courses poursuites sur fond de drame psychologique. L'ancien proxénète devient de plus en plus attachant, de plus en plus en roue libre aussi.
Un premier essai convaincant
On suit le parcours cabossé de Joong-ho qui passe de l'inquiétude à la colère, du pragmatisme à l'attachement. Grâce à une variation du cadrage, le film ne tombe pas dans la train train de l'enquête. Plans serrés sur des visages effrayés ou effarés, lumière minimum pour laisser pénétrer au maximum la noirceur et la moiteur des lieux, contre-plongées dynamiques pour laisser place à l'action et caméra au poing presque stable pour les moments d'attentes, la palette est impressionnante. Un magnifique exercice de style, un peu trop classique, pour Hong-jin Na, encore étudiant au moment du tournage.
Les prestations des acteurs sonnent diablement justes. Pas de cabotinage inutiles, pas d'exagérations des sentiments, ni de fausses rigueurs stoïques selon les rôles. Le découpage de l'image et du son permettent également d'affiner cette justesse. On espère juste que le prochain film du coréen sera plus aventureux, afin d'être surpris et pas « juste » embarqué. Seule marque de mélange des genres, une dose de gore et d'insalubrité propre aux films d'horreur. Mais là encore, c'est du déjà vu proches par certains aspects à Zodiac. Reste que globalement, c'est un premier essai extrêmement convaincant, hypnotique par moment. Chapeau bas !
The Chaser, d'Hong-jin Na, avec Kim Yoon-seok, Ha Jeong-woo, Yeong-hie Seo (Cor., 2h03, 2009)
La bande-annonce de The Chaser ci-dessous :