Maitre de la sous-culture, Tarantino produit à la chaine des séries B plus ou moins attirantes. Gros plan sur l'une de ses productions les plus interressantes : Hell Ride, ou comment des Johnny en puissance se vengent d'un gang adverse.
Hostel, Iron Monckey, Sang-froid, autant de titres qui ne vous disent sûrement rien. Et pour cause, les productions de Quentin Tarantino sont rarement de grands moments du 7ème art, voire des nanards horribles. Parmi eux, Hell RideKill Bill volume 2), petit navet assez euphorisant. Au casting devait se retrouver le cinéaste. Ça n'aurait pas été la première fois mais il céda sa place à Eric Balfour (24 heure chrono). de Larry Bishop (acteur dans
Hell Ride symbolise tout le microcosme tarantinesque. Ses productions profitent toujours à ses amis : Eli Roth, Robert Rodriguez et donc Larry Bishop. Au casting, Michael Madsen, inoubliable Mister Blonde dans Reservoir Dog tient une place importante et on a droit à une apparition de David Carradine. Quant à la production, on retrouve des collaborateurs historiques : Bob et Harvey Weinstein. On a le sentiment que Tarantino cherche à perpétuer un certain cinéma, classé comme série B ou Z. La rébellion tarantinesque consiste à maintenir une diversité cinématographique menacée. Tout son univers, forgé essentiellement par le cinéma de genre (principalement les années 70), se retrouve dès qu'il intervient.
Et le film alors ?
Hell Ride ne raconte rien de bien original. Une histoire de vengeance entre Bikers permet au réalisateur de nous faire profiter du son des bécanes « ricaines ». Le cocktail marche à merveille : motos, bastons, femmes en chaleurs. Bishop se plait dans sa beauf-attitude à se délecter des courbes avantageuses de ses actrices avec en point d'orgue Léonor Varela en nymphomane extrêmement perturbée par ses hormones. Ça donne des scènes croustillantes du genre : « prends moi sur le billard avant que je ne te donne la mauvaise nouvelle », le tout sous l'œil pervers et incrédule de Bishop. Hell Ride fait bien rire tant l'ensemble si caricatural fonctionne le second degré nécessaire.
L'occasion aussi de voir Denis Hopper en biker vétéran, autant dire un petit bonheur en soit. Madsen apparaît redoutable en compagnon de route presque loyal et les méchants sont tellement pas gentils qu'ils feraient presque peur avec leurs vestes en cuir et leurs gros guns. Pourtant, ce Hell Ride n'est pas si vide de sens. On peut y voir une réminiscence d'une société sudiste où tradition et loyauté font corps. Sous couvert de nous présenter des mecs fort en testostérone, le film montre des personnages lutant contre la vénalité et la trahison. On y trouve aussi un hommage au fameux cinéma de genre des années 1980, et une référence explicite à Desperado avec le personnage de Pistolero. Filmé avec l'énergie d'un mec qui s'éclate, ce Hell Ride est un produit estampillé Tarantino. Faute de gage de qualité, il sert de gage de curiosité.
Hell Ride, de Larry Bishop, avec lui-même, Eric Balfour, Michael Madsen (U.S.A., 1h24, 2007)
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La bande-annonce de Hell Ride ci-dessous :