Un premier film qui nous plonge en Amérique latine. Entre immigration, trahisons et solidarité, une œuvre profonde, au scénario un peu trop téléphoné.
Alors que Christian Poveda est retrouvé mort juste avant la sortie de sa Vida Loca, alors que des émissions comme l’Effet papillon multiplient les intrusions au sein des gangs, voici que sort Sin Nombre. Le film multiplie les sujets. Sayra retrouve son père et décident ensemble de quitter le Honduras pour rejoindre les Etats-Unis. Leur périple va croiser la fuite de Casper, membre du gang de la Mara. A travers cette immersion au cœur d’un univers où la soumission au chef et au groupe ne sert qu’à la loi du plus fort et à la maitrise d’un territoire, Cary Fukunaga romance une belle histoire d’amitié et de confiance entre la jeune déracinée et le bad-boy dissident.
Le travail de Fukunaga se scinde en deux. Tout d’abord, un aspect reportage, inspiré de l’univers « favellas » de la région. Si on ne voit pas trop l’insalubrité ni la pauvreté, on imagine aisément la précarité de ces habitants. On aperçoit la prostitution. Ce besoin de partir illustre aussi une fuite vers un avenir imaginé meilleur. Pourtant, les Etats-Unis ne sont pas idéalisés outre-mesure. On sait que les gangs y exercent aussi, que le gouvernement n’hésite pas à expulser. C’est une sorte d’Eldorado où l’or est recouvert de merde. Le réalisateur développe aussi la cruauté des chefs de gangs. Méfiance, viols, meurtres, vols, en quelques scènes, on devine qu’une fois rentré dedans, c’est pour la vie. On est particulièrement touché par l’endoctrinement du gamin Smiley. Du plus jeune des mômes des ghettos au chef, tatoué partout, on constate la hiérarchisation de la Mara perçu comme un ascenseur social.
L’autre pendant de l’œuvre se rapproche plus de l’esthétisme d’un Terence Malick. Par subtiles touches, la caméra fixe l’horizon, nous fait rentrer avec pudeur dans le quotidien de toutes ces personnes. Sans jamais tomber dans le voyeurisme ni la violence gratuite, Sin Nombre arrive à montrer beaucoup en finalement peu de temps. Le revers de la médaille : une histoire trop prévisible, une sorte de déterminisme confirmé. Mais pour un premier film, Kukunaga réalise avec Sin Nombre un joli coup. A confirmer.
Sin Nombre, de Cary Fukunaga, avec Edgar Flores, Paulina Gaitan, Kritian Ferrer (U.S.A, Mex., 1h36, 2009)
La bande-annonce de Sin Nombre ci-dessous :