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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 22:20

affiche-film-socialisme.jpg

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« Ne devoir rien à personne », telle est la philosophie du Godard 2010 qui nous sort un patchwork intriguant de milliers d'images. On reste perplexe et intrigué. Pas mieux.

 

Jean-Luc Godard, en dépit de sa grande gueule et de son passé de grand cinéaste, avait de quoi effrayer avec son dernier objet filmique. Sobrement intitulé Socialisme dans un premier temps, il se vît rajouter la composante « Film » récemment. Car Godard ne fait pas du cinéma, il fait des Films. Une différence très simple les sépare. Le premier terme inclut une industrie avec ses schémas préétablies. Le second n'est qu'un fixation sur pellicule (encore que, à l'heure du numérique) d'un catalogue d'images et de sons. A nous d'en faire quoi bon nous semble. C'est en tout cas les définitions que donne le franco-suisse.

 

article-film-socialisme-2.jpgIl décide de détruire la narration. En ne construisant aucune identité propre, aucune trame intelligible, Film Socialisme ne ressemble à rien. Seul point de comparaison approximatif : le théâtre contemporain avec des pièces comme celle de Noëlle Renaude, Ma solange comment te dire mon désastre- Alex Roux. Des fragments d'histoires, pas toujours cohérents, parfois emplis de burlesque, de drame et de non-sens envahissaient la scène. Une pièce écrite en direct pour un acteur, une expérience particulière faite pour les adaptes d'œuvres contemporaines. Le travail faussement négligé du cinéaste de la Nouvelle Vague crée le même sentiment. D'abord une étrangeté assez désagréable. Comment rentrer dans une projection où les images et les sons ne créent pas d'intrigue. Ça serait comme lire le dictionnaire en écoutant du Mozart à l'envers. Godard collecte une série d'images du net, un patchwork fascinant.

 

article film socialismeIl fait fi de toute hiérarchisation de l'importance des images. Il mêle allégrement une vidéo de chats prise sur le net et un extrait des Feux de la Rampe. Il coupe volontiers la parole à sa voix off qui semblait nous expliquer quelque chose. Il ne fait apparaitre que quelques secondes le philosophe Alain Badiou. Dommage tant il était curieux de le voir disserter dans une salle vide sur un paquebot de croisière. Bien sûr, les apparitions de Gide, les références bibliques, les dispositifs de domination masculine dans la famille trouvent un sens. Mais reste que Film Socialisme se refuse à nous offrir des figures personnifiées.

 

Problème de type Grec

 

C'est assez agréable par moments, notamment durant la partie en croisière. Mais on se retrouve à contempler avec un détachement un peu frustrant ce dédale d'images, ce kaléidoscope de pensées fulgurantes. Les va-et-vient entre les personnes sur le bateaux initient une forme de préférence pour tel dispositif ou système de positionnement des corps : un frère et sa sœur, très intellos, une russe et un enquêteur... Autant d'objets vivants jamais animés de fougue ni de libre arbitre. On ne reçoit rien. Même dans la seconde partie où l'on se pose chez une famille. Les belles images ne comblent pas une forme de prétention. Godard veut faire le point. Le tout en posant mille questions. En vrac sur la place des civilisations, sur la Palestine, sur l'Europe, sur la famille, l'héritage. Le discours d'un homme désabusé et fatigué se dévoile. L'emphase évidente noie le poisson de la réflexion dans une avalanche de propositions de cinéma toutes avortées.

 

article film socialisme 3

 

 

C'est bien là le problème majeur du Godard cuvée 2010 : ne pas faire grand chose d'un postulat intéressant. S'adresser aux cinéphiles en les pommant plus qu'en les guidant, c'est un peu l'inverse de la vocation de cinéaste. Que faire de ce film? Pousser le bouchon plus loin? S'émanciper du système préétablie ? Pour quelle raison ? Y gagne t-on vraiment ? Et pour observer quelle société ? A plusieurs reprises, le terme « hélas » est prononcé. A moins que ça ne soit « Hellas », cœur de civilisation européenne aujourd'hui vilipendée pour sa gestion économique. Un problème qualifié durant Cannes de « type grec ». La grande lutte de JLG est de critiquer la propriété intellectuelle. En l'explosant, il forme une véritable anarchie. Une sorte d'idéal communiste contre la possibilité de posséder quelque chose. Et une chose est sûre, c'est que l'on ne s'y retrouve pas. Notre société est-elle prête aux bouleversements préconisés ? Elle ne semble même pas recevoir le message. Godard est devenu inintelligible. Un drame.

 

article film socialisme 4

Film socialisme, de Jean-Luc Godard, avec tout pleins d'amateurs (Fra., Sui., 1h42, 2010)

 

La bande-annonce de Film Socialisme ci-dessous :

 

 

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commentaires

A
<br /> Pas mieux.<br /> LA beauté plastique des plans du bateau de la premiere partie m'ont subjugué au départ et puis ensuite ça retombe.<br /> J'ai eu véritablement k'impression de mon manque de culture cinéma comme rarement devant ce film.<br /> A part tout l'hommage au cuirassé Potemkine à Odessa et quelques petits trucs avant, j'ai absolument rien reperer et ça me désole ^^<br /> Impression assez mitigée même si le principe du film est en lui même pas ininteressant mais je pense qu'il faut avoir une culture véritablement gigantesque pour saisir quelquechose!!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> je me demande encore s'il y a tant de références au ciné que ça. Se sont plus des réfrences littéraires, picturales ou de la société civiles. A vrai dire, j'étais aussi assez perdu, ayant<br /> l'impression d'être une belle bouse inculte. Mais bon en rentrant j'ai mis 10min TF1 et ça allait mieux.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> une critique plutôt éclairante, moi je m'y étais un peu perdu à vrai dire... ;)<br /> sinon j'ai lu quelque part que ce film pouvait être vu comme le dernier doigt d'honneur d'un cinéaste sur le point de mourir... c'est affreux non ?<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> oh non faut pas qu'il meurre JLG je l'aime bien moi!<br /> <br /> <br /> mais il y a encore une sacré force de révolte je suis d'accord. Je te rassure j'étais aussi pas mal paumé par moment.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Je pense qu'il y a un certain désir à accentuer les problèmes de communication, la fin de la conversation et du dialogue qui nous affecte de plus en plus. Impossible de suivre tout ce qui est dit<br /> durant la croisière : bruit, vent, voix lointaines, aphorismes jetés à la volée. La vérité est autour de nous, mais un capharnaüm inéluctable nous prive de tout saisir.<br /> <br /> Comme tu l'as vu par la note sur mon blog, j'adhère entièrement à ce film qui n'en est pas vraiment un, à cette leçon sur notre société qui n'est que l'utopie d'un homme qui regarde derrière lui.<br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> <br /> ce que tu dis est bien vrai, et réussi. mais je ne vois pas la finalité. je ne la perçois pas. un film pour emmerder et dire on va tous crever, on est tous pourris.<br /> <br /> <br /> ça fait un peu truc de comptoirs mais avec de belles phrases.<br /> <br /> <br /> NO COMENT<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> N'est-ce finalement le propre d'un véritable artiste que d'être éternellement insatisfait ?<br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> <br /> si evidémment.<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Je sens poindre en toi la déception Alexandre, au moins la frustration. Et si Godard avait juste voulu jeter un pavé dans la mare ? Dire simplement je vous emmerde tous, même les cinéphiles qui<br /> m'idôlatrent ?<br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> <br /> pas de deception, mais je suis circonspect. On reste de marbre. On le sent bien le pavé dans la mare, c'est l'approche interressant. tu as tout à fait raison sur cette volonté.<br /> <br /> <br /> Mais je crois qu'il n'est pas tout à fait parvenu à mettre en ordre (comprend en désordre ordonné) son attaque du monde contemporain. Dans une interview qu'il faisait avec Woody Allen (Marcel me<br /> l'a publié il y a peu), il avouait être toujours déçu de ses films une fois fini. Je pense qu'il doit être frustré là.<br /> <br /> <br /> <br />

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