Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 20:06

 

La société de l'utile et du jetable

 

affiche-the-company-men.jpghttp://nicolasfurno.com/files/planc/35.png

Personne n'est épargné par la crise, pas même les grands cadres. Le cinéma social n'est pas forcément outrancier, il n'est pas forcément démagogique. La preuve.

 

Comment expliquer ce retour en force de Ben Affleck ? Pour rappel, cet homme au firmament à l'époque de Will Hunting s'est peu à peu fourvoyé dans des bouses allant de Ce que pensent les hommes à Armageddon en passant par Dardevil. Puis, en 2007, nous le découvrions bon réalisateur, héritier modeste mais efficace de Clint Eastwood, avec Gone Baby Gone. Essai transformé en 2010 avec The Town. Sa remontée vers les sommets demande aussi un retour en grâce en tant qu'acteur. The Company Men devrait l'aider. Col blanc un rien arrogant, le voilà qui subit les affres de la crise économique. Dans son giron Chris Cooper et Tommy Lee Jones craignent le même destin.

 

article-the-company-men.jpg

Scénario vieux de quinze ans, The Company Men se voit remis au goût du jour avec la crise économique. Mais le tour de force de John Wells vient de sa teneur modeste et d'un brio pour ne pas tomber dans le mélodrame forcé. Un licenciement signifie bien plus qu'une perte de salaire. Devenir inutile dans nos sociétés occidentales (et notamment aux USA) projette un être dans un état de néant social. Il ne faut pas trop le dire. Bobby (Ben Affleck) cherche à garder ses signes extérieurs de richesse. « Ma femme ne veut pas dire au voisinage que je suis au chômage. Je ne peux pas rentrer avant 18 heures » balance, hagard, un Chris Cooper au bord du gouffre.

 

article-the-company-men-2.jpg

Ce cinéma social évite pourtant l'écueil misérabiliste. Ces friqués flambeurs ne savent pas rechigner sur le superflu, refusent certains boulots. Mais peut-on les blâmer? The Company Men montre le gavage sans vergogne des grands patrons et à quel point la crise touche tout le monde, même les plus aisés. Il montre aussi  la place de  l'humain en tant qu'employé jetable. C'est alors l'équilibre familial qui est en jeu. Wells évite aussi les débordements larmoyants et hystériques où la femme quitterait le mari. Au contraire, la famille devient un refuge honteux. Le soutien des proches permet de garder les pieds sur terre. Revenir vivre chez papa-maman est plus délicat. Une scène où le gosse de Bobby croit que ses parents vont divorcer montre parfaitement toute la teneur sociale d'un licenciement. Film sur le quotidien, The Company Men hérite d'une écriture issue de la télévision. Normal, John Wells a travaillé sur Southland, Urgences ou A la maison Blanche. Soit trois séries du quotidien : chez les flics, dans les hôpitaux, dans la politique.

 

article-the-company-men-3.jpg

De cette écriture minutieuse découle une précision des conditions humaines, portée par d'excellents acteurs. Kevin Costner incarne cette Amérique du matériau, qui retape des maisons. Si la parabole est un peu lourde, la morale du film de retrouver une économie plus saine, plus sociale ne fait pas oublier les inégalités, les laissés pour comptes et les dindons de la farce. The Company Men n'a pas la prétention de changer le monde, ni même d'en faire le tour. C'est là sa grande force. Il capte une facette du réel et s'assure juste de ne pas tomber dans une démagogie outrancière. A nous de tirer les marrons du feu...

 

The Company Men, de John Wells, avec Tommy Lee Jones, Ben Affleck, Chris Cooper (U.S.A., 1h52, 2011)

 

La bande-annonce de The Company Men :

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
<br /> <br /> Critique tout à fait honorable et qui à mon sens dégage la légereté de ce film. The Company Men ne laisse pas un goût impérissable mais, échappant aux écueils politiques et moraux dans lesquels<br /> il aurait pu tomber, plaît finalement.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> <br /> merci beaucoup. Je prends aussi les commentaires gentils. ;)<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Critiques cinémas d'hier et d'aujourd'hui
  • : Qu'ils viennent de sortir en salles ou qu'ils fassent partie de la légende, tous les films risquent un jour de passer à la moulinette de l'incorruptible critique de ce blog.
  • Contact

Twitter/ Facebook

Plan-c : critiques cinéma d'hier et d'aujourd'hui   

Faites également la promotion de votre Page

Graduation

http://nicolasfurno.com/files/planc/00.png A fuir !

http://nicolasfurno.com/files/planc/05.png

http://nicolasfurno.com/files/planc/10.png

http://nicolasfurno.com/files/planc/15.png

http://nicolasfurno.com/files/planc/20.png

http://nicolasfurno.com/files/planc/25.png Pas Mal.

http://nicolasfurno.com/files/planc/30.png

http://nicolasfurno.com/files/planc/35.png

http://nicolasfurno.com/files/planc/40.png

http://nicolasfurno.com/files/planc/45.png

http://nicolasfurno.com/files/planc/50.png Indispensable !

Le film d'Octobre

affiche drive

Dans l'actu

Bientôt au cinéma :

affiche contagion affiche l'ordre et la morale affiche take shelter

 

Récemment sortis :

affiche les géants affiche les marches du pouvoir affiche l'exercice de l'état affiche intouchables affiche poulet aux prunes affiche la couleur des sentiments affiche tintin affiche the artist affiche drive affiche le skylab affiche dream house affiche les hommes libres affiche alice affiche l'apollonide affiche la nouvelle guerre des boutons affiche restless affiche la guerre des boutons affiche crazy stupid love affiche warrior affiche carré blanc affiche présumé coupable affiche putty hill affiche la grotte des rêves perdus affiche la guerre est déclarée affiche blackthorn affiche cowboys & envahisseurs affiche la piel que habito affiche captain america affiche melancholia affiche la planète des singes les origines affiche mes meilleures amies affiche green lantern affiche super 8 affiche une vie tranquille