Paranormal Poltergeist
La frontière entre la tension et le ridicule est tellement mince qu'une débauche d'effets visuels ou sonores mal dosée provoque l'évanouissement de ladite tension. Cruel destin pour ce Insidious plein de potentiel.
Les rires d'une salle de cinéma en disent beaucoup sur l'état d'esprit des spectateurs. Ils traduisent, devant un film d'épouvantes, deux données pas si contradictoires : il y a le rire moqueur et le rire nerveux, conséquence d'une décompression devant les actes présents à l'écran. L'un va souvent avec l'autre puisque la raillerie cache en général une volonté de ne pas croire aux évènements. Du type : « mais non c'est ridicule, théorie conne que ces fantômes fantoches. Tellement grossier. » Dans ces cas, on peut généralement dire que le film d'horreur s'avère réussi (The Descent, Amytiville, Poltergeist). Dans le cas d'Insidious, la dichotomie s'avère plus ambigüe. Le film lui-même navigue entre deux états clairement définis dans la chronologie.
Un premier temps classique sur une maison flippante où un enfant dans un coma un peu étrange se relèverait la nuit (dixit le petit frère). Le thème passionnant de la peur de perdre sa progéniture passe au second plan face à la découverte d'une maison étrange. On ne se soucie que trop peu du quotidien d'un couple au chevet d'un malade innocent, cloitré dans un lit au même titre que les parents bloqués dans un lieu maudit. Le réalisateur veut faire sursauter plus qu'il ne le faut. Le film change d'angle avec une histoire de limbes et de voyages dans un drôle d'espace-temps. Insidious tombe alors en mode attraction de Disney. On se croirait dans le château hanté avec sa mariée défunte, ses lustres sombres et sa valse mortuaire. Lieu où un Dark Maul alternatif aurait trouvé refuge, cloitré dans un antre digne des bric-à-bracs du MicMac à Tirelarigot de Jean-Pierre Jeunet. Le long-métrage devient presque ludique, amusant. Les rires nerveux possibles des débuts cèdent leur place à des rires amusés. Comme pour se dire que la farce est trop grosse.
Pourtant, James Wan (auteur du premier Saw, producteur des suites) aurait pu réussir son pari s'il n'avait pas tant appuyé tous les effets. Rien n'échappe à la surenchère sonore (insupportable) et visuelles (flashback, mouvements de caméra en trop). Le clivage d'un début qui ne montre rien, tel un Paranormal Activity au montage plus classique fait ensuite étalage d'un trop pleins d'effets. Les égarements comiques (censés procurer la dose de rires de décontraction entre les rires nerveux) avec un duo d'éberlués façon Ghostbuster ne remplissent du coup plus trop leur rôle. Ils accentuent de fait l'aspect farce et desservent une intention plus louable. Insidious tente le mélange des ambiances horrifiques, allant même jusqu'à lorgner vers les photos de fantômes façon Project Zero. Un manque d'identité fatale.
Insidious, de James Wan, avec Patrick Wilson, Rose Byrne, Ty Simpkins (U.S.A., 1h41, 2011)
Sortie le 15 juin
La bande-annonce de Insidious :