Si David Fincher est un habitué des scénarios un peu fou (Seven, Fight Club, Zodiac), celui de L’étrange histoire de Benjamin Button a de quoi dérouter. Benjamin (Bratt Pitt) naît avec un physique d’octogénaire, et mène toute sa vie à l’envers, rajeunissant de jour en jour. Drôle d’histoire que celle-ci où toute la métaphore du temps se résume à une horloge qui fonctionne à l’envers. Inspiré de la nouvelle de F. Scott Fitzgerald, le film est avant tout une œuvre qui sort de notre logique du temps. La rencontre de Benjamin avec la douce Daisy (Cate Blanchett) n’est pas une simple mièvrerie amoureuse. Daisy est une femme aussi charmante que normale, mais pour les deux, impossible de vivre une passion amoureuse quand leurs existences ne coïncident qu’une journée. Daisy et Benjamin ne font que se croiser, au gré de leur vie, sans jamais pouvoir vivre vraiment ensemble.
Si Fincher nous a parfois déçus, avec par exemple le très moyen Panic Room, il signe là un véritable acte de rédemption cinématographique. Les effets spéciaux servent à vieillir ou rajeunir les acteurs. Presque jamais Pitt et Blanchett ne nous apparaissent à l’écran avec leur vrai visage. La prestation de Brad Pitt est une nouvelle fois, après Burn After Reading, excellente. Il prouve qu’il est la star hollywoodienne la plus en forme du moment. A tel point que la star décroche sa première nomination aux Oscars. Lorsque physiquement son personnage a 60 ans, il doit jouer le rôle psychologique d’un jeune homme dans la vingtaine. Button meurt bébé, oubliant, au fil de la vieillesse et prisonnier d’un corps de nouveau-né, sa vie si belle et si riche. Cela donne lieu à une ultime scène entre les deux amoureux assez ahurissante !
Il y a du Coppola dans ce film. Comme si la tradition des seventies alliée à une ambiance kubrickienne donnait naissance à cette œuvre. Certes, quelques scènes appuient un peu trop la larmoyante image clichée de l’amour impossible, mais peu importe. Chaque lieu forme une carte postale, pas toujours paradisiaque, le tout formant une sorte de cahier. Ce dernier est une espèce de testament, celui d’un homme hors du commun. La mourante Daisy sur son lit d’hôpital semble nous dire autre chose, de plus triste encore : le temps nous rattrape toujours, et ne nous rend en rien service. Pour tous ceux qui l’auraient raté dans les salles de cinémas, la sortie en Dvd est une excellente façon de se racheter.
La bande annonce de L'étrange histoire de Benjamin Button ci-dessous :