Mr Nobody : jeux de l'amour et du hasard

Essai risqué sur la vie et tout ce qu'il y a autour. Tellement confus et lourd qu'on en oublie les qualités esthétiques d'un film prometteur.

Le belge Jaco van Dormael n'avait pas montré le bout de son nez depuis le huitième jour, il y a 13 ans ! Il revient avec un projet d'envergure mondiale,et une tête d'affiche : Jared Leto. Le cinéaste explore l'inconscient humain mis face aux choix de la vie. Choisir la jolie blonde, ou la timide brune, suivre sa mère dans le train ou rester avec son père sur le quai de la gare ? Toutes ces questions existentielles, franchement maladroites, partent d'une louable intention. Van Dormael filme toutes ces possibilités.

On voit tout de suite que le cerveau du réalisateur bouillonne d'idées multiples. L'esthétique est poussée à son paroxysme, sans retenue. Ça donne une entrée en matière tonitruante, avec un humour pas désagréable. Mais très vite, les scènes ressemblent à des clips vidéos mal fait. Pour résumer : effets ralentis + musique de pub incessantes + vent artificiel + lumière ultra kitch et nous voilà plongé dans une pub gigantesque pour assurance vie, mais où l'on chercherai aussi à nous vendre un parfum.

Et pourtant, ça tourne... en rond

Le tout est alourdi par un scénario mal maitrisé. Aucune émotion ne transparait. Leto est trimballé entres tant d'époques, de vies, de morts que le spectateur n'a pas la possibilité de s'accrocher aux protagonistes. Au bout d'une heure et demi, on abandonne. A vouloir tout nous faire explorer, Mr Nobody ne montre en fait rien d'assez épais pour que notre cerveau daigne réfléchir dessus. Le cinéaste tourne terriblement en rond, et nous pousse à regarder l'heure difficilement avancer. Un comble quand on sait qu'il cherche à le suspendre le temps.

Les passages de la société post-êtres mortels laissaient présager d'un bien meilleur résultat. Le montage de tout le reste n'est que cacophonie vaguement philosophique. C'est d'autant plus dommage que Jared Leto se donne corps et âme, que les seconds rôles auraient pu nous toucher (surtout le personnage de Diane Kruger) et que par moment on trouve quelques idées lumineuses. Seulement, à trop vouloir en faire, le belges s'est perdu dans dans un abime scénaristique irrattrapable.

Mr Nobody, de Jacob van Dormael, avec Jared Leto, Diane Kruger, Sarah Polley (Bel., Can., Fra., Brit., 2h17, 2010)

La bande-annonce de Mr Nobody ci-dessous :

Comments

[bloodyrose]

J'ais vu ce film et c'est un tre bon film qui ne mérite pas de se faire decendre ainsi et surtout quelle honte de lui donner la meme note qu'à Twilight ou a de gros navets..

[alexandre mathis]

je ne trouve pas que ça doit honteux. Je trouve que ce film est un calvaire, malgré ses tentatives. Comme Twilight est un calvaire malgré une idée de départ prometeuse (à savoir déplacer le mythe
du vampire dans un environnement contemporain, loin des chateux de Transylavie.) Après chacun ses gouts, mais dans le genre de films un peu suréalistes, je préfère nettement les travaux de
Gondry, Gilliam, Nolan, Jonze etc...

[Phil Siné]

anh ! j'ai beaucoup aimé... mais côté scénario, je ne sais pas, il n'est pas impossible que je me sois fait manipuler... quoique, tout ce côté "ça part dans tous les sens", ça m'a fait pensé un peu
à lynch... à mon avis la confusion est volontaire et ça ne fait pas de mal d'être déstabilisé parfois... et à quoi bon des réponses apès tout ?

[alexandre mathis]

toute la difficulté de ce cinéma ample, fouillé, brouillon c'est qu'il faut avoir une énorme aitrise de son sujet. Lynch le fait très bien. Ici, c'est juste vide comme un coquillage sans bernard
lermite. Il y a du sens, mais c'est montré en 2h10 quand 20min nous auraient suffit. Et je n'ai pas franchment l'impression que le cinéaste est maitrisé son foutoir. Du coup j'ai jeté l'éponge
mentalement. En essayant de me raccrocher par moment.

[Jérôme]

le coup des vases, je te l'accorde ! mais quand même, tu n'as pas trouvé le montage particulièrement habile ?
sinon, j'ai beaucoup aimé les passages "esthétiques" mais c'est une affaire de goût. Dans Lovely Bones, j'ai détesté l'esthétique utilisée, comme quoi...
Sinon, le clip est très sympa et c'est vrai que Gondry est plus novateur ^_^
Bref, il faudra que je revoie Mr Nobody, il commence à ne plus être aussi clair dans ma mémoire !

[alexandre mathis]

plus généralement, c'est l'aspect surfait de l'esthétisme. le montage se noie vraiment au bout d'une demie heure. l'esthétisme ne ressemble àas à grand chose. Le coup du pull à carreau et des mêmes
voitures, ça ne vaut pas les trips de Gilliam et de Brach dans Garden State.

[Jérôme]

la vache, effectivement c'est sans appel ! tu sais que j'ai adoré et que c'est un film qui m'a transporté alors.. Mais je comprends qu'on puisse ne pas accrocher ! (je ne pensais pas que t'allais
le démolir à ce point quand même !)

[alexandre mathis]

ah j'attendais ta réaction. Je ne pensais pas le démolir autant vu le sujet (cf : j'avais laissé sur ton blog où je faisais par de ma curiosité). Et je comprends qu'on puisse être emorté; mais j'ai
trouvé certains passages tellement catastrophiques... En fait les passages les plus esthétiques sont les plus mauvais, car sont assez gratuits. Le coup du temps qui remonte en arrière et des vases
qui se reforement, ça n'est en rien novateur. Quand Gondry utilise l'inversion du temps, il innove. Regarde ça : http://www.dailymotion.com/video/x25d89_beck-deadweight-michel-gondry_music
le coup du mec à côté de ses pompes, génial !
enfin voilà tout ça pour dire que piouuu ce fut éprouvant !

[Zirko]

C'est mieux car ainsi on a bien ton ressenti avec une note sans appel.

[alexandre mathis]

c'est effectivement sans appel :)