Qui veux épouser ma fille ?
Un nouveau Disney bancal, à l'inspiration inégale, mais qui séduit dès que son ambiance médiéviste est posée. On assiste aussi à une intéressante histoire sur la filiation mère/fille.
Disney avait pourtant promis. Le retour aux dessins traditionnels devaient se mélanger aux images numériques plus moderne, comme dans La Princesse et la grenouille. Il faut vite ravaler sa déception et constater que le compte n'y est pas. En revanche, la firme du père Walt continue dans la veine des histoires de princesses, comme prévu. Ici, ils s'attaquent à la terriblement navrante légende de Raiponce, jeune demoiselles aux cheveux très long mais enfermée par sa marâtre dans une tour. Disney réinvente évidemment ce conte en prenant pour narrateur un prince pas très malin.
D'ailleurs, plutôt qu'un prince, c'est plutôt d'un voleur qu'il faut parler, dans la lignée d'Aladin. La princesse esseulée renvoie plus à la Petite sirène dans sa soif de découvrir un monde inconnu. Et comme Arielle, sa force, c'est sa voix. Quand Raiponce chante, ses cheveux s'illumine et permet à sa mère d'adoption de rester éternellement jeune. Car cette mère aimante a en réalité chipée la fille du roi et de la reine. Forcément. Tel la sorcière de la Belle au bois dormant. Mais rien de très sombre ne surgit de Raiponce. C'est au contraire un film plus proche du parodique Shrek en détournant l'image traditionnelle de la princesse. La teneur comique tient surtout sur deux animaux : Maximus le cheval et Pascal le caméléon.
Du coup, l'ambiance met du temps à imprégner le spectateur. Un peu mou et pas super drôle, Raiponce avait tout du raté le plus terrible. Et puis, en une scène dans une taverne, tout l'environnement médiéval s'installe. On a alors même droit à une chanson digne des grands airs de la Belle et la Bête. Des chants trop nombreux par ailleurs, aux qualités inégales. Le voyage du duo Raiponce/ voleur de grand cœur Flynn Rider fonctionne bien. Le dénouement manque un peu de punch et je vous laisse deviner la fin d'une audace folle... Disney développe une nouvelle page de l'admiration sur la chevelure. Ce blond brillant et souple s'anime tel un animal et une arme.
Mais Raiponce développe surtout une relation mère/fille pointue. Accepter de s'émanciper, de franchir le cap et de braver l'interdit, Raiponce incarne une adolescence. C'est une belle histoire de filiation à retrouver et de mère castratrice digne des greluches d'une horrible émission de télé-réalité de TF1. Il y a toujours le bellâtre mystérieux, vaguement crétin, pour briser une harmonie d'apparat et offrir un vrai but à une aventure qui en a bien besoin. Raiponce se tient là dessus, n'offrant que très peu de scènes gratuites. L'histoire s'en retrouve un peu étriquée de linéarité et les faiblesses des débuts n'en deviennent que plus pesantes. Cela reste un joli film, qui au lieu d'être aussi catastrophique qu'un Hercule ou qu'un Mulan lorgne du côté des grands noms précédemment cités dans l'article. Disney peine à retrouver sa verve mais nul doute que ça peut revenir.
Film vu en 2D.
Raiponce, de Byron Howard et Nathan Greno, avec les voix françaises de Maeva Méline, Romain Duris, Isabelle Adjani (U.S.A., 1h41, 2010)
La bande-annonce de Raiponce :