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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 12:19

Porté disparu

 

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Naufrage absolu du cinéaste Jim Sheridan, Dream House ne fait qu'empiler les twists les plus improbables de ces dernières années.

 

Pendant une quarantaine de minutes, Dream House laisse imaginer le même sujet mis en scène par Claude Chabrol. Imaginez un homme qui démissionne de son boulot pour pouvoir être auprès de sa femme et ses deux filles. Ils ont une nouvelle maison, toute belle bien qu'un peu délabrée. Sauf que quelqu'un les épis. Très vite, on constate que quelqu'un leur veut du mal. A ce moment, le père de famille se rebelle et cherche à tirer ça au clair. Une belle intrigue de départ pour le pionnier de la Nouvelle Vague, lui qui traitait des pertes de repères psychologiques et créait des sentiments d'oppression avec des choses très humaines. Sauf que Dream House est en fait à mille lieux de là. Jim Sheridan, qu'on avait quitté avec Brothers, vit un naufrage total. Le genre de gadin dont il sera difficile de se remettre.

 

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Avec son casting étoilé (Daniel Craig, Naomi Watts, Rachel Weisz), Dream House aurait au moins pu être regardable. Sauf que passé ces fameuses quarante minutes juste banales, le twist le plus grossier de l'année débarque. Puisque la bande-annonce dévoile tout, parlons-en. Pas de quoi paniquer, Sheridan parvient à pondre encore d'autres cachotteries loufoques après. Donc, lors d'un passage chez les flics (ou chez les fous on ne sait plus bien), Craig apprend que le déséquilibré, c'est lui. Il s'invente cette vie. Il est sorti de l'asile faute de preuve contre lui mais il a assassiné sa famille. En gros, il voit sa bien-aimée et ses filles en fantôme. Hystérie totale, front suitant, gros yeux d'éberlué, tout l'attirail de la psychologie aux gros sabots prend place. Dream House vire dans la paranoïa de comptoir, mal inspirée par Les Autres. Pis, il reste encore une moitié de film à boucler. Entre faux raccords -qui sont en fait un effritement du réel et de l'imaginaire- grossiers et révélations abracadabrantesques, le sabordage du film fait peine à voir.

 

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Tout est d'une laideur sans nom, à commencer par les errances capillaires de Daniel Craig, et ne vient qu'appuyer le sentiment de film gâché. La photographie, trop claire, fait penser que le chef opérateur a eu quelques soucis de matériel. Sheridan ne sait même pas mettre en scène les rares intentions du début. Les sons ne résonnent pas, le sentiment de piège qui se referme ne se ressent pas et la partition d'acteur fade laisse pantois. Le trio principal a pourtant un sacré potentiel. Mais à l'image d'une Naomi Watts qui se demande ce qu'elle fout là, Dream House ne trouve pas vraiment le ton juste. Tout le travail du fantastique est de rendre tangible une intrigue qui dépasse les bornes du naturel. Le manque de rigueur et les incohérences évidentes du scénario font virer cet étron dans une catégorie bien loin du nanar sympathique.

 

Dream House, de Jim Sheridan, avec Daniel Craig, Naomi Watts, Rachel Weisz (U.S.A., 1h31, 2011)

 

Sortie le 5 octobre

 

La bande-annonce de Dream House :

 

 

 

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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 23:12

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Trois minis-critiques pour des sorties DVD dispensables, à part pour les fans du genre.

 

affiche-scream-show.jpgScream Show d'artistes divers

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Le seul moyen de vendre le corpus de trois court-métrages d'horreur était de mettre en avant Romero, parrain et producteur de l'entreprise Scream Show. Affublé de trois histoires toutes plus banales les unes que les autres, le spectacle qui se déroule a de quoi ramener aux pires productions d'écoles de cinés. Heureusement, les choses vont en s'arrangeant. Le premier a des allures de porno sans sexe avec une jungle de dangereux indigènes, le second se penche sur le cas des sirènes et le dernier sur les vampires. Seul l'ultime histoire offre un peu de plaisir visuel à défaut de créer le moindre frisson. Même pas de quoi bouffer du pop-corn en rigolant.

Dvd disponible chez Seven 7

 

affiche-redline.jpgRedline de Takeshi Koike

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Vendu comme du Speed Racer en plus fou, l'étrange Redline tient en cela toutes ses promesses. Le foutraque graphique et scénaristique de l'entreprise a d'abord quelque chose de fascinant. Grâce à une ouverture stylée dont la puissance sonore décoiffe n'importe quel coquet tartiné de Vivelle Dop. Puis, le grand n'importe quoi déstabilise un peu. Le film de course intersidéral se transforme en combat où Mario Kart croise Sailor Moon. L’étalage technique est remarquable mais la cohérence du film en prend un coup. C'est un peu assommé qu'on ressort de Redline. Non sans avoir pris du plaisir devant cet objet outrancier, on est loin des promesses de faire taire les Wachowski.

Dvd disponible chez Kaze le 18 octobre

 

affiche-whisper.jpgWhisper de Stewart Hendler

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Entre deux prises pour Lost, Josh Holliday payait ses impôt dans ce petites séries B pas passionnantes. Son passage dans Whisper, au côté de Joel Edgerton, prouve que la conversion d'acteur de série au cinéma n'est pas aisée. Le film remplit tous les poncifs du film d'horreur attendu. Ici, une bande de malfrats kidnappent un gamin en espérant une rançon. Sauf que le môme n'a rien du petit ange et que les morts vont vite s'accumuler. Les frontières du fantastique ne sont jamais montées en épingle tant les ficelles sont grosses. Nul effroi ou surprise, Whisper est sur des rails. Ni trop laid, ni trop beau, il sera quand même difficile d'en tirer du positif.

Dvd disponible chez Seven 7

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 10:31

La mosquée sous l'occupation

 

affiche-les-hommes-libres.jpghttp://nicolasfurno.com/files/planc/20.png

La preuve qu'un bon sujet ne fait pas un bon film, Les Hommes libres n'utilise jamais le cinéma pour faire autre chose que de conter son récit.

 

Au sein de la seconde guerre mondiale, il est une communauté dont on parle rarement. Les musulmans de France durent prendre place lors de l'occupation. Dans l’antichambre de ce qui allait devenir le début de la rébellion pour l'indépendance des pays du Maghreb, les héros des Hommes Libres dessinent leur propre destinée. Un sujet fort, potentiellement passionnant. Or, Ismael Ferroukhi, dont c'est le second long-métrage, n'en fait rien de spécial. On sent la patte d'un scénariste (il a travaillé avec Cédric Kahn) mais jamais celle d'un metteur en scène. Sa caméra n'appuie en rien le propos. Il se contente de subir le récit sans le faire monter en épingle.

 

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Il suit Younes, émigré algérien, adepte du marché noir, pris en tenaille par les occupants. Il se voit chargé de surveiller la mosquée de Paris sous peine d'être emprisonné. Entre son désir de s'en sortir et la solidarité communautaire, le choix devrait être cornélien. Or, Ferroukhi fait tout pour lui faciliter la tâche. Évidemment, Younes se révolte en douce. Dans une reconstitution de Paris propre mais sans cachet, Tahar Rahim donne corps lui aussi à un héros propre mais sans cachet. Un effet de ton sur ton un peu décevant. Les Hommes Libres est tout à fait regardable. Certes.

 

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Pourtant, l’ambivalence de la situation a quelque chose de mécanique. L'interprétation de Michael Lonsdale en témoigne. Il joue le recteur de la mosquée de Paris. Position délicate tirée lointainement d'une histoire vraie. Ferroukhi, par instants, trouve l'angle juste en mêlant cette lutte contre le Reich à la soif de la liberté des peuples algériens et voisins. L’amalgame n'a rien de honteuse. Elle illustre un état d'esprit où le manichéisme n'a pas vraiment de place. Dommage vraiment que le film ne dépasse pas la fiction France 3, faute de regard de cinéaste.

 

Les Hommes Libres, de Ismael Ferroukhi, avec Tahar Rahim, Michael Lonsdale, Mahmud Shalaby (Fra., 1h39, 2011)

 

Sortie le 28 septembre

 

La bande-annonce de Les Hommes Libres :

 

 

 

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 15:06

Guerres infantiles

 

affiche-la-guerre-des-boutons.jpgaffiche-la-nouvelle-guerre-des-boutons.jpgLa guerre des boutons http://nicolasfurno.com/files/planc/10.png

La nouvelle guerre des boutons http://nicolasfurno.com/files/planc/05.png

Duel de branques dans les cinémas où dans la médiocrité, Cristohphe Barratier atteint des sommets plus écœurants encore que Yann Samuell.

 

Dans les premières minutes du film de Barratier, Lebrac assoit son autorité de chef en lançant : « si tu veux, on compare la taille de nos bites. » Il ne pouvait y avoir résumé plus parfait de la chamaillerie de producteurs qui nous fait subir non pas une mais deux Guerre des boutons. Et puisque le spectateur n'est plus qu'une vache à lait, autant lui ressortir la vieille version d'Yves Robert (1962). Une semaine d'intervalle sépare le poulain de Marc du Pontavice, Yann Samuell, du protéger de Thomas Langmann, Christophe Barratier. Deux réalisateurs déjà coupables d'atrocités. Le premier avait fait Jeux d'enfants quand le second avait commis Les Choristes et Faubourg 36. Deux nouveaux films avec des mômes insupportables, deux écritures déplorables, deux traitements proches qui mettent en valeur un autre cinéma « de qualité française ».

 

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Honneur au premier sorti avec La Guerre des boutons, avec comme stars Mathilde Seigner, Eric Elmosnino et Alain Chabat. Le naufrage vient avant tout de la mise en scène, brouillonne au possible, où chaque lutte se voit découpée à la truelle. L'ensemble devient illisible. L'utilisation de zoom (sur les clochers notamment) n'a aucun sens. Tout est tristement fade, mal écrit et peu inspiré. Les rares apparitions des adultes illustrent la non-direction d'acteur dont Samuell se rend coupable. Cela marche quand Fred Testot cabotine en curé de campagne mais le duel Chabat/Elmosnino aurait pu donner quelque chose de plus consistant. Devant l'infini ennui que procure cette guerre infantile, on en vient à geindre devant l'aspect vieille France qui en ressort. Les temps jadis ne sont jamais critiqués. Pis, la liberté, moteur même des aspirations des mômes, ne se ressent jamais.

 

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C'est bien le problème d'un film trop produit. L'année 2011 a offert de beaux films sur l'enfance. Tomboy savait filmer à leur hauteur. Là il s'agit juste d'offrir un divertissement bête où chaque réplique se doit d'être une vanne. En vain. Mais ce n'est presque rien face à l'horreur du message de Christophe Barratier. Toujours plus à l'aise avec le rance, monsieur Les Choristes ne fait pas confiance au sujet et contextualise l'histoire pendant la seconde guerre mondiale. Ce que Samuell évitait à peu près avec la guerre d'Algérie devient le moteur du récit chez La Nouvelle guerre des boutons. Point Godwin magistral où les traîtres subissent les punitions de gens se comportant comme des nazis – dixit les dialogues. Un film qui nous rappelle aux bons souvenirs de La Rafle de Rose Bosch.

 

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La France était donc un pays fredonnant « Maréchal nous voilà » en public pour mieux préparer sa libération. Car au-delà des petites chamailleries du quotidien, tous sont de courageux résistants la nuit. L'image que transmet Barratier de la France occupée limite les collabos à des ratés revanchards. La figure du SS -petit, moche et hargneux – rappelle vraiment les pires préjugés. Si Samuell est moins à l'aise avec la caméra, la grammaire utilisée par Barratier a de quoi gêner. Avec ses grands effets de grues comme dans un film d'aventure, sa Nouvelle guerre des boutons laisse présager d'un vent de liberté dans une France prise au piège. La joliesse écœurante de ce qui devrait être laid illustre l'incapacité chronique du cinéaste à hiérarchiser le message par l'image. Les errements populistes et vieillots font froids dans le dos et relèguent l'aspect faisandé du concurrent au second plan. Le plus terrible dans ces comparaisons, c'est de ne voir aucun des deux films cacher de vraies qualités. Le premier est juste suranné, l'autre carrément abjecte.

 

La guerre des boutons, de Yann Samuell, avec Eric Elmosnino, Mathilde Seigner, Fred Testot (Fra., 1h49, 2011)

 

La nouvelle guerre des boutons, de Chrisstophe Barratier, avec Lætitia Casta, Guillaume Canet, Kad Merad (Fra., 1h40, 2011)

 

La bande-annonce de La Guerre des boutons :

 

 

 

 

 

La Bande-annonce de La nouvelle guerre des boutons :

 

 

 

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 15:52

Tempête sous un crâne

 

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La déchéance mentale d'un homme persuadé de voir des tornades lui venir dessus vient briser un équilibre familial si cher aux américains. Jeff Nichols, premier héritier de Malick, réalise un chef-d’œuvre.

 

Comment la famille peut-elle à la fois sauver et faire sombrer des êtres dans les limbes de la paranoïa ? A cette question, Jeff Nichols (Shotgun Stories)  y répond par un tour de force de près de deux heures. Take Shelter s'efforce d'ébranler la valeur refuge reine des U.S.A. : la famille. Dans la vie de Curtis, tout devrait aller pour le mieux. Il a une maison, un travail, une épouse merveilleuse, une petite fille Hanna et un chien. Sans que l'on sache vraiment pourquoi, Curtis se met à voir des orages déferler sur son petit cocon. Des intempéries prémisses de tornades. Le cauchemar de la catastrophe naturelle vient en écho aux souffrances récentes de l'Amérique, peut-être encore plus marquée par le cataclysme Katrina et l'incompétence des services publics que par les tragédies terroristes. L'extériorisation des peurs de Curtis est en fait une exploration de la paranoïa. Et comme toute incursion dans le fantastique, difficile de démêler le vrai du faux.

 

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Première victime de ces hallucinations : la famille. Le chien se retrouve en enclos après un rêve où celui-ci mordait son maître. La figure du canin mis au ban n'a rien d'anodin dans un pays où il symbolise la stabilité. L’abri anti-tornade devient une obsession de tous les instants. Michael Shannon, encore impressionnant, sue sang et eau pour faire bonne figure en public. Le délitement de son comportement a des répercutions sur son travail, sur ses amitiés et sur son couple. Il est pourtant un père de famille tendre, en dépit d'un regard noir. L'incarnation maternelle de Jessica Chastain/ Samantha évoque plus la douceur, l'amour sans concession et l'envie de vivre dans son cocon sans se fermer aux autres. La peau blanche reflète les ondulations rousses de sa chevelure pour créer un éclat de couleur dans un quotidien de plus en plus noir. Le nuage orageux au dessus de Shannon peut encore s'effacer face à l'éclaircie Chastain.

 

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La primauté du geste

 

Tout dans Take Shelter se transmet par le geste. Le plus évident vient du langage des signes. La petite fille, sourde, ne communique que par ce moyen. C'est naturel pour la mère, soucieuse de bien assimiler cette langue. L'apprentissage est plus douloureux chez le père, sauf quand il s'agit de dire « je t'aime ». A ce moment là, toute la bonté de Curtis s'exprime. Comment ne pas trouver magnifique cet extrait où le couple chuchote pour ne pas réveiller la gamine alors que celle-ci ne peut les entendre. C'est encore le geste qui compte. Ils se comportent en parents responsables, peu importe l'utilité de la chose. Leur mode de vie s’organise en fonction d'Hanna. Samantha reste femme au foyer, vend quelques bouts de tissus pour compléter les revenus et veille en continu sur sa fille.

 

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Jeff Nichols est souvent considéré comme le premier héritier de Malick. Sa propension à rendre le geste plus important que le reste en témoigne. On pourrait trouver autant de force dans la protection parentale du héros de Take Shelter et dans le comportement viril mais bienveillant du père de Tree of Life. L'explosion de colère soudaine de Curtis constitue peut-être la scène la plus forte de l'année. La masse de nerf en contrôle vole en éclat et détruit tout ce qui le reliait encore au monde censé. Le passage est impressionnant. Par un simple mouvement de colère où il renverse une table, Michael Shannon livre une performance d'acteur étourdissante qui laisse tout le monde bouche bée. Sa voix résonne telle celle d'un dragon menaçant un royaume. Autre héritage du cinéaste texan : la capacité à donner sens à des cadres en contre-plongée. L'inquiétude n'en est que plus palpable. Le regard vers les cieux prend encore plus de sens. Les nuages sombres nous pèsent littéralement sur les épaules.

 

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La dégringolade mentale passe aussi par ce travail de cadrage. Celui d'une caméra étouffante, ne laissant jamais d'air au dessus des visages. Aucune respiration n'est possible. L'ajout de la musique anxiogène insémine un mal-être grandissant. L'espace américain devient un territoire des dangers. Le ciel bleu ne peut plus rassurer. Hanna, isolée, apparaît par instants comme une figure de film de maison hantée. Elle qui respire pourtant l’innocence, elle qui ne fait qu'attendre un appareil auditif alors que son père gâche tout, devient l'élément nodal du basculement psychique des personnages. Son mutisme confère encore à l'étrangeté de la situation. Curtis mène une double lutte expiatoire. Il consulte une psy pour chercher un héritage maternel de ses troubles mais se terre dans son abri. La cage de ferraille devrait protéger les êtres qu'il aime quand elle ne fait que plonger dans le désarroi les gens qui le regarde.

 

Le final, incroyablement malin tant on peut s'amuser à l'interpréter différemment, vient mettre à mal les rares certitudes que nous avions. Seuls la musique et les ressorts les plus sensoriels gardent du crédit. Take Shelter brise l'idée qu'il vaut mieux suivre le rationnel scientifique au détriment du ressenti. L'échappatoire psychique n'a guère d'emprise face à des considérations plus envahissantes. Là encore, dans une dynamique toute malickienne, Jeff Nichols parle de la Terre dans ce qu'elle a de plus imperceptible. Tous aux abris !

 

Take Shelter, de Jeff Nichols, avec Michael Shannon, Jessica Chastain, Tova Stewart (U.S.A., 1h55, 2011)

 

Sortie le 7 décembre

 

La bande-annonce de Take Shelter :

 

 

 

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 21:56

Les loups dans la bergerie

 

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Contrairement à ce que laisse penser le sujet, le sexe de la maison close n'est que périphérique à une fresque colorée mais grave sur la condition féminine laissée à la merci des plus terribles des carnivores.

 

Le portrait d'une maison close prend le contrepoint parfait du Pornographe du même Bonello. Dans ce long-métrage avec Jean-Pierre Léaud, le monde de la pornographie était illustré sans fioriture esthétique, la nudité des corps allait avec celle de l'aspect visuel. Avec L'Apollonide, Bonello choisit l'inverse. A savoir de suivre le quotidien d'une enseigne dite respectable au carrefour de deux siècles. L'image caresse d'office les sens. Le travail sur l'espace ouaté va servir de filtre aux horreurs silencieuses du bordel de luxe. Pour preuve, le personnage le plus fascinant, Madeleine, devient la femme qui sourit après un terrible événement lors d'ébats. Son sourire d'ange façon Joker de Batman se fait dans une souffrance où le cri, pourtant bien présent, semble silencieux. Comme indicible au milieu des torrents de bruits, le danger en devient d'autant plus invisible donc dangereux. Puisque là où Le Pornographe dévoilait une forme de grâce, L'Apollonide fait émerger le rugueux.

 

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Grande fresque presque sans scénario, le mouvement lancinant de ces putes adorables dessine des destins aux couleurs chatoyantes. Chaque corps se chaloupe avec sa taille de guêpe. Les trajectoires de ces dames, inégalement traitées, laissent surtout voir la maison close comme une sorte de chance de ne pas finir dans la rue. Bonello a beau s'en défendre à longueur d'interview (ici par exemple), la construction même du long-métrage laisse entrevoir l'espèce de nostalgie un poil gênante d'un temps révolu. Cela ne passe pas que par le plan final. La place grandissante du personnage de Noémie Lvovsky et le choix temporel de la charnière des deux siècles diffusent une sorte de regret de ces beaux espaces ouatés. Il ne faut pas s'arrêter à ce petit égarement surtout quand on voit les tragédies qui se passent en coulisses. La fameuse Madeleine bien sûr, mais aussi Pauline.

 

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Elle incarne l'éternel rêve de ces prostituées qui attendent une forme de prince charmant prêt à racheter leurs dettes. A partir de là, le quotidien devient à la fois lumineux d'espoir et désenchanté de lassitude. Les sourires de façade glissent au cours d'une caméra en continuel mouvement. Le plus troublant vient de la sensation de voir non pas qu'une fresque mais le travail de conception d'un peintre. Louis-Do de Lancquesaing incarne d'ailleurs une sorte de Gustave Courbet prêt à esquisser L'origine du monde. La seule escapade extérieure souffle le vent d'air frais d'un Monet. Mais la touche impressionniste la plus envoûtante vient d'une panthère noire, présente par deux fois. Il devient troublant de voir un félin parmi les gazelles.

 

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Le sexe, moins explicite que dans Le Pornographe, joue en fait un rôle périphérique. La consommation n'est que l'accomplissement d'une danse macabre, prémisse d'une petite mort signe d'espoirs insatisfaits. L'Apollonide aurait pu être très grand s'il ne s'encombrait pas d'une musique anachronique (Nights in White Satin de Moody Blues, tube pop des années 60) et peu originale (KV 488 de Mozart, inutilisable après Malick). Reste une force univoque d'un film de metteur en scène talentueux, juste un peu paumé quand il s'agit de contextualiser l'ensemble. Quant aux larmes de sperme si moquées, elles sont une terrible métaphore de la prison qu'est un corps décharné de son honneur. Celui qui ne le saisit pas ne comprendra jamais les femmes.

 

L'apollonide, souvenirs de la maison close, de Bertrand Bonello, avec Hasfia Herzi, Céline Salette, Jasmine Trinca (Fra., 2h05, 2011)

 

Sortie le 21 septembre

 

La bande-annonce de L'apollonide, souvenirs de la maison close :

 

 

 

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 14:56

Du muet parlant

Présenté au club 300 Allociné

 

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L'hommage intelligent au cinéma passe par une passerelle entre l'époque et aujourd'hui. La fibre émotive et esthétique de The Artist en est la preuve. Hazanavicius est décidément très doué.

 

Le cinéma de 2011 n'en fini plus de rechercher son identité d'enfant. Que ça soit dans les hommages de Super 8, dans le regard que le 7ème art porte aux bambins ou dans ses explorations préhistoriques avec Herzog, il y a comme une crise d'identité à l'heure du passage au numérique. La grande qualité de The Artist est de ne jamais recourir à une nostalgie faite de naphtaline. En clair, si Hazanavicius, sorte d'encyclopédie améliorée du cinéma, rend hommage au cinéma muet, il ne se perd à aucun moment dans la complainte. Après deux OSS 117 et le célèbre La classe américaine : le grand détournement, le cinéaste revisite le passage du muet au parlant avec une grande vivacité. La mise en abyme est fascinante. Son tournage en noir et blanc avec un format ancien (1:33, comme les vieilles télés) regarde un comédien du muet, George Valentin, faire rire le public dans les salles de 1927. Plusieurs fois, Hazanavicius pose son cadre un peu en biais de l'écran. On assiste aussi bien au spectacle sur l'écran que dans la salle. En ressort cette impression classique qu'on nous observe en quelque sorte en train de regarder un film d'époque.

 

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Cela ne veut pas dire que The Artist se regarde le nombril. Au contraire, il est un éventail d'hommages moins parodiques que les précédentes réalisations d'Hazanavicius. Chacun y revit ses grands moments de découvertes cinéphiles ou se forge un premier contact au muet. Le travail de la photo et la minutie des décors rappelle vraiment le travail des productions de la Keystone ou de la Warner. Une époque où la production se faisait à la chaîne ; des films drôles, aux trames souvent semblables, toutes tournées en décor d'intérieur. Là où The artist dépasse ce postulat, c'est qu'il raconte une histoire plus intimiste, plus fine, presque aussi minutieuse dans la création des personnages que Chaplin (la comparaison s'arrête là). Le film convoque moult références. La mise en scène évoque les escaliers en coupe du Cameraman, les danses de Fred Astaire et Ginger Rogers. Loin de se limiter à un registre, The Artist va aussi lorgner du côté de Fritz Lang, Orson Welles, Billy Wilder (Sunset Boulevard). L'avalanche de références ne doit pas effrayer, elles ne viennent pas alourdir le propos.

 

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La douceur de la narration mène la mélancolie par des chemins pas si courant que ça. Le personnage de George Valentin souffre du passage au parlant pendant que la belle Peppy Miller signe le renouveau d'Hollywood. Une belle parabole de toutes ces stars déchues avec l'arrivée du parlant. Leurs voix cassaient la magie d'antan. Dans ce film, Valentin n'a rien de l'exception Chaplin, qui continua contre vents et marées à faire du muet avec succès (du moins pendant un temps). Valentin ressemble plutôt à ces idoles brisées par un système cynique mais indispensable. Le mutisme forcé de Dujardin renforce encore la puissance du désarroi.

 

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Troublant de voir le dernier prix d'interprétation à Cannes se réapproprier des airs d'Errol Flynn et de Douglas Fairbanks avec un visage qui lui est unique. Son sourcil relevé lui confère une allure unique. Pareil pour Bérénice Bejo dont on jurerait voir une actrice d'époque. Les chorégraphies de chaque scène sont un régal. A tel point que quand le film travaille plus l'intime, une légère baisse de rythme se fait sentir. Le temps d'une scène de convalescence, on tombe presque dans le film noir, musique à l'appui. L'évolution de la situation fait même oublier le burlesque de base pour évoquer en mode glamour la face sombre du métier de comédien. Rayon acteurs justement, les présences de fortes carrures comme John Goodman ou James Cromwell augmentent encore la magie de l'univers. Plus malin encore est l'apparition de Malcolm McDowell (Orange Mécanique) dont on ne dira rien. Finalement, The Artist n'a pas grand chose d'une parodie. Il est un hommage à une époque et à l'éternel renouveau du cinéma. Et ce jusque dans son affiche, l'une des plus belles vue ces dernières années.

 

The Artist, de Michel Hazanavicius, avec Jean Dujardin, Bérénice Béjo, John Goodman (Fra., 1h40, 2011)

 

Sortie le 10 octobre

 

La bande-annonce de The Artist :

 

 

 

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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 14:59

Vrombissement de plaisir

 

Ce film fut présenté dans le cadre de l’Étrange Festival

 

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L’inertie du montage de Drive permet à Winding Refn de rendre le chrome des voitures secondaire par rapport à une histoire d'amour platonique sur fond de magouilles violentes. Rien à voir avec Fast & Furious mais indispensable.

 

Le prix de la mise en scène à Cannes va enfin faire entrer Nicolas Winding Refn dans le cadre des cinéastes plus que respectables. Jusque là regardé un peu de haut par tout un pan de la critique, le danois trouve enfin un ton plus consensuel avec Drive,adaptation du livre de James Sallis. Il faut dire que l'épate évidente de ses précédents longs-métrages pouvait agacer. Ici, elle a toujours charmée, bien que Bronson soit indéniablement boursouflé. Mais la trilogie Pusher et surtout Le guerrier silencieux constituaient déjà des claques intenses. Le film s'ouvre sur une excellente filature, montrant les activités nocturnes d'un conducteur. Ryan Gosling impose sa carrure mutique dès cet instant. Voilà un garçon qui ne parle que quand c'est utile. Le reste passe par le regard. Les premières minutes créent une tension qui évoque aussi bien Michael Mann (Collateral) que Walter Hill (The Driver).

 

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La nuit de Los Angeles laisse des petites magouilles se dérouler. Par quelques égards, Drive prend la voie des films de mafia. Ce n'est que périphérique au véritable enjeu du film : l'amour. Aussi étonnant que puisse paraître cet aspect (le réalisateur n'est pas réputé pour ça), l'histoire parle avant tout d'une relation quasi-platonique entre le conducteur et Irène, mère de famille dont le mari est en prison. En pervertissant un peu son imagination, le sous-texte gay attire l'attention (titre rose, Gosling y apparaît comme une icône, la femme qu'il aime a une coupe garçonne). Une interprétation un peu tirée par les cheveux mais amusante. Ce qui est sûr, c'est que Drive, par sa coquetterie, s'adresse au moins autant aux femmes qu'aux hommes. La carrosserie reluisante capte moins l'attention que les personnages blessés. Carey Mulligan est lumineuse à tel point que les seuls rayons de douceur n'apparaissent qu'en sa présence.

 

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Le cœur du film vient d'un montage singulier. Il crée une inertie pour un faux rythme calme. Comme dans cette scène du début où Gosling est habillé en policier. Lui qui était complice d'un braquage la nuit serait en fait un membre des forces de l'ordre ? En réalité, le fin du plan nous révèle qu'il sert de doublure flic pour un film. Malin. Sur la longueur, ce montage accentue la sympathie pour le héros dévoué à une famille qu'il aimerait sienne. Jamais il ne devient immoral. En revanche, dès que la menace guette, il peut sortir les griffes, tel un chef de clan. C'est là que la violence de Drive éclate. Le tournant mafieux avec de l'argent en jeu nous renvoie à un éternel sujet de cinéma américain : les gens « normaux » pris dans la tourmente des gangs.

 

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Un peu comme Scorsese ou Tarantino, Winding Refn couvre ça d'une pop sonore (Kavinsky, Desire) et visuelle (le chrome brillant, le graphisme léché). L'aspect série B fait accepter sans mal les raccourcis scénaristiques et les quelques improbabilités. Le shoot de plaisir est immédiat. La trace lancinante que laisse Drive est aussi indélébile que les escapades entre potes lors d'une course de kart. On s'y amuse, surtout lors des écarts de route, pour ne retenir que l'énergie partagée. Drive pourrait être un premier épisode de série passionnant. Pour preuve, les présences au casting de Bryan Cranston (Breaking Bad), Chritina Hendricks (Mad Men) ajoutent un soupçon de télévisuel.

 

Drive, de Nicolas Winding Refn, avec Ryan Gosling, Carey Milligan, Bryan Cranston (U.S.A., 1h40, 2011)

 

Sortie le 5 octobre

 

La bande-annonce de Drive :

 

 

 

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 17:49

Chemin de croix

 

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La descente aux enfers d'Alain Marécaux, victime de l'affaire Outreau, se voit mise à l'écran sobrement mais fidèlement pour un résultat poignant.

 

2001. L'affaire Outreau éclate à la face de la France. De cet imbroglio judiciaire que tout le monde connaît en ressort un terrible constat. Celui d'un échec judiciaire cuisant, dramatique même, auquel les sanctions symboliques laissent encore un goût amer. Des enfants manipulés (et violés !) sont alors autant victimes que treize adultes, embastillés à tord pour des méfaits sexuels. Le scandale médiatique a fait place au silence. L'un d'eux, Alain Marécaux, continue son combat pour avancer. Après le livre, en voici l'adaptation cinématographique.

 

Si La guerre est Déclarée est un film de guerre alors Présumé Coupable est un film de résistance. Sobre et direct, il s'applique à illustrer le calvaire vécu par Marécaux. Du débarquement sauvage des flics à six heures du matin à l'entêtement maladif du juge Burgaud, la descente aux enfers est totale. Alain Marécaux ne pense pas « pouvoir pardonner malgré le film. J'avais peur qe l'adaptation dénature mon histoire. Il y a eu 12 versions de scénarios. Je suis content que Vincent [Garenq] ne rajoute aucun élément dramatique gratuit pour forcer l'émotion. » Autrement dit, tout ce qui se passe à l'écran est véridique, foi d'un homme à la parole bafouée.

 

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Pour ne pas tomber dans l'émotion poussive, le réalisateur fait deux choix judicieux. D'un, il n'ajoute aucune musique. Les claquements de portes répondant aux sanglots (fréquents) de Marécaux demeurent la seule mélodie dramatique. Le seconde idée vient de la sobriété de la mise en scène. La caméra à l'épaule suit de près le visage transformé de Philippe Torreton. « J'oublie la cinéphilie pour ne pas qu'elle me contamine, se justifie Garenq. Seul ce qui se passait devait m'influencer. » Un dénuement qui ferait penser à un documentaire mis en scène. « Le documentaire n'offre pas tant d'émotions et aurait demandé plus de recul » rétorque le cinéaste. Tout crie l’injustice ici. Le but n'est pas de comprendre Outreau, mais de vivre de l'intérieur un échec étatique ; de ressentir le cataclysme humain qu'il a engendré.

 

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Du coup, Présumé Coupable ne fait pas de concessions. Le juge Burgaud apparaît inhumain et froid, les matons de la prison, bien que relativement sobres, sont réduits à des mécaniques bureaucratiques. Les seuls humains doués de vraies émotions sont les victimes, ainsi que les accusateurs, montrés comme des simplets manipulateurs mais inconscients du mal. Le peu de temps à l'écran de la famille Marécaux (Noémy Lvovsky en tête) suffit à saisir l'ampleur du délitement familial. Le film dévoile le cauchemar parfait pour toute personne. Celui de la destruction des cellules refuges : travail, famille et rapports sociaux. L'honneur y est jeté en pâture et l'impuissance grandissante déchaîne la colère.

 

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Philippe Torreton, omniprésent, se devait pour un tel rôle de faire de la composition à l'américaine. Perdre 27 kilos (quand le vrai Alain Marécaux en perdra près de 50 lors d'un processus de suicide lent) n'est pas forcément vu d'un bon œil en France. Faire du De Niro pour un comédien de l'hexagone, ça n'est pas la tradition. Sauf que c'est nécessaire ici. Il fallait porter les stigmates presque christiques d'un homme blessé. Tellement christique qu'Alain Marécaux s'est depuis réfugié dans la religion, lui l'ancien non-croyant. Porte de secours bien maigre pour un homme qui vous parle encore aujourd'hui de son calvaire la voix chevrotante mais le regard haut. « J'étais écrasé par son malheur », avoue Torreton, sorte de porte-parole toujours aussi engagé. Cet homme de gauche incarne, à travers sa prestation, le message d'un 11 septembre de la justice française, lui qui s'agace « de ce vieux pays qui croit pouvoir se reposer sur ses lauriers ».

 

Présumé Coupable, de Vincent Garenq, avec Philippe Torreton, Wladimir Yordanoff, Noémie Lvovsky (Fra., 1h42, 2011)

 

Sortie le 7 septembre

 

La bande-annonce de Présumé Coupable :

 

 

 

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:31

Abel et Caïn sur le ring

 

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Le pari réussi de Warrior consiste à faire sentir la sueur et le sang dans un film de tournoi proche de la série B sérieuse.

 

Crise de confiance profonde. Les États-Unis ont toujours aimé les histoires de modestes qui s'en sortent par le haut. Pourtant, la crise économique actuelle et le déclin d'influence des compatriotes à tonton Obama semblent relancer un besoin épidermique de bander les muscles. A la fin des années 80- début 90, temple des Républicains guidés par le couple Reagan- Bush, la mise à mort du bloc de l'Est avait conforté peu à peu le pays dans sa sûreté. Une époque de marioles où les Chuck Norris et consorts faisaient les coqs. Le film de tournois, série B au programme huilé, est à la mode. Un style que reprend à son compte Warrior. S'il se prend légèrement trop au sérieux,il n'en garde pas moins un certain recul amusé du genre.

 

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En se plongeant dans une histoire de famille où deux frères fortement bodybuldés règlent leurs comptes, Gavin O'Connor tente une prospection sociale d'un pays en crise. Au-delà du père ex-alcoolique et de la mère disparue se retrouve une fêlure bicéphale. D'un côté Tommy, masse de muscles et ancien marine, se reconstruit dans la douleur après un passage irakien. Sa quête rédemptrice apparaît de loin la moins bien traitée. En revanche, celle de son frère Brendan, prof de physique endetté, ressemble plus au portrait de l’américain moyen. Il est le travailleur empêtré par les rêves et les obligations familiales. Tout deux dans leurs coins reprennent le combat d'arts martiaux mixtes. Au cours d'un tournoi avec gros lot à la clé, les deux frères ennemis règlent à distance leurs comptes tels des Abel et Caïn féroces.

 

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L'idée de fondre le drame familial dans un ouragan de sauvagerie offre un bel écrin à Warrior. The Wrestler avait ouvert la voie. Mêmes forces, mêmes faiblesses. Quelques fioritures de styles viennent alourdir la sauce. Heureusement, Warrior évite le terrible écueil de Fighter, dégoulinant voyeurisme digne d'une émission de Jean-Luc Delarue. En dépit de menues idées de la part de David O'Russell, le film ne forgeait aucune tension dans les combats, n'arrivait jamais à mettre en scène le sacrifice. Le drame des frères Conlon parvient ici à illustrer qu'à qui perd gagne. Dans tous les cas de figures, il y aura dans le dénouement de Warrior de la casse.

 

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Les gueules cassées de Tom Hardy et Joel Edgerton imposent leurs masses monolithiques pour mieux exploser dans les combats. Deux styles se côtoient. Tom/ Tommy cogne fort et vite, puis s'efface tel un héros de l'ombre quand l'outsider Joel/ Brendan incarne l'abnégation et la tactique. La force brute face à la malice, oui, nous voilà vraiment en face d'Abel et Caïn. Les combats communiquent la hargne et la sueur. Le goût du sang dans la bouche se fait sentir et les coups fusent. Le montage alterne légère confusion dû à des cadres trop serrés et fulgurance endiablée. Au final, Warrior frappe fort, abasourdit dans son final épique (bien que cliché).

 

Warrior, de Gavin O'Connor, avec Joel Edgerton, Tom Hardy, Jennifer Morrison (U.S.A., 2h20 ,2011)

 

Sortie de 14 septembre

 

La bande-annonce de Warrior :

 

 

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