L'Amérique qui se lève tôt
S'il avait été un court-métrage de 50 minutes ne réglant pas les problèmes, Morning Glory aurait été une comédie charmante grâce à ses acteurs et quelques gags. Mais que faire de l'heure qu'il reste ?
Aucun doute possible, Rachel McAdams a ce pétillant qui manque à tant d'actrices. Une fraicheur du matin bien utile à un film qui parle justement des matinales télévisées. Dans le peau d'une productrice à qui tout sourit ou presque, elle bonifie le ton de Morning Glory, héritier direct de Le Diable s'habille en Prada. Normal quand dans les deux cas, la scénariste s'appelle Aline Brosh McKenna. On comprend vite la cible « feel good movie » recherchée. Au diable la crise et les petites contrariétés d'un New-York qui refuse la grisaille, vive la jeune génération opportuniste mais avec du cœur.
A vrai dire, Monring Glory s'en tire par moment pas mal. Notamment dans son premier segment où il se passe souvent mille choses à l'écran. Dans les couloirs d'une émission en déliquescence, où deux stars du petit écran se tirent dans les pattes, il n'est pas rare de voir un mec déguisé en chevalier, un second couteau grimacer ou tout autre tentative plus ou moins burlesque. McAdams serait une sorte d'inspecteur Cluzot avec un joli cul. Maladroite au possible, elle n'a pas non plus la gaucherie de tomber à vélo lorsqu'elle décroche un rendez-vous. Dommage, c'eût été plus marrant. Morning Glory semble tenir un pari louable : celui d'avorter les tentatives de la jeune femme. Un rencard piteusement mené, une scène de sexe avorté par la conscience professionnelle, une modération de productrice constamment perturbée, à défaut d'être passionnant, le film s'en tirait avec les honneurs.
Mais puisqu'il faut bien rentrer dans les clous, Roger Michell aplanit ce qui n'était qu'à peine vallonné. Les situations prennent une tournure molle, sans surprise. Le duo Harrison Ford/ Diane Keaton se démène tant bien que mal. L'attrait comique ne mise plus que sur un montage elliptiques de trouvailles bizarres pour dynamiser la matinale. Le bougon dévoile son grand cœur, les attirances s'affirment, les comportements changent. Il y a une vraie césure dans l'évolution des personnalités. Finalement plausible au début, la radicalité du ton, afin d'écourter un film déjà bien long, empêche d'y croire. Sinon, bonne nouvelle, aucun film ne prévoit de retracer le Morning Live.
Morning Glory, de Roger Michell, avec Rachel McAdams, Harrison Ford, Diane Keaton (U.S.A., 1h47, 2011)
Sortie le 6 avril
La bande-annonce de Morning Glory :