Dépressive divorcée, voici l’histoire de famille banale de Léna façon cinéma français. Relevé par le talent du réalisateur des Chansons d’amour et de beaux acteurs. Pas si mal.
Ah, un peu de parisianisme. Stop aux grosses productions, retour au film d’auteur adulée par la presse « teleramaïsante ». L’histoire ? Rien de plus classique. Léna, 2 enfants, trentenaire élégante, retourne pour les vacances dans sa Bretagne natale pour se ressourcer auprès de ses proches. Sa seule occupation : ses mômes. Le petit séjour se gâte quand sa famille s’acharne à la rendre heureuse. Son ex-mari revient, un amant réapparait et les nerfs lâchent de tout côtés. A l’instar d’un Desplechin, Christophe Honoré parle de règlements de comptes en famille, avec une dose d’humour, un zest de gravité.
Retour aux sources
Jusque là, rien de très intéressant. Sauf que le réalisateur de Dans Paris décide pour cette histoire de filmer sa Bretagne natale. Honoré apporte une fraicheur digne de son cinéma : acteur s'adressant directement au spectateur, conte traditionnel en image, herbes hautes et marais calme, la Bretagne du réalisateur se filme avec le soleil et le vent. On ne peut que déplorer une dernière demi-heure enfermée dans les murs parisiens, faisant perdre tout souffle poétique à Non, ma fille, tu n’iras pas danser.
C’est d’ailleurs une habitude très française, un peu comme dans un téléfilm de France 2, que de délocaliser les histoires de familles franciliennes à la campagne. On souffle le temps d’un week-end ou d’un été, et on retrouve le béton gris de la capitale pour clore l’histoire. Trop classique, assez lassant.
Nos vieux ont du talent
Heureusement, le cinéaste met toujours en valeur ses acteurs. La composition de Chiara Mastroianni convainc totalement. Les seconds rôles de Louis Garrel (l’amant pas vraiment amant) et de Julien Honoré (le frère comique) sont en totale adéquation avec la fraicheur réclamée malgré la gravité du sujet. Notons aussi avec joie le retour au premier plan de Jean-Marc Barr. Hormis ses collaborations avec Lars Von Trier, le héros du Grand Bleu se fait trop rare sur grand écran.
Mais comment ne pas succomber à la beauté du duo Marie-Christine Barrault/ Fred Ulysse ? Les parents de Léna pleins de bonne volonté illustrent magnifiquement la dévotion un peu maladroite pour leurs enfants, un sens du sacrifice et une vie menée tant bien que mal face aux épreuves de la vie. Ils sont l’aspect à la fois intelligent et un peu aventurier de ce film. Leur passage à Rome, tellement touchant, fait regretter que ça ne soit pas eux les principaux protagonistes de l’histoire. Evitant le mélodrame larmoyant (mais tirant un peu trop sur la musique, sauf pour le final sur le superbe Another World d’Antony Hegarty et ses Johnsons), le nouveau Christophe Honoré s’en sort bien, évitant le piège du film ennuyeux. Pas aussi sublime que Dans Paris malgré tout.
Non ma fille, tu n’iras pas danser, de Christophe Honoré, avec Chiara Matroianni, Marina Foïs, Marie-Christine Barrault (Fra., 1h45, 2009)
La bande-annonce de Non ma fille, tu n'iras pas danser ci-dessous :