Dans le monde des films d’animations, Pixar s’impose chaque année comme le leader du marché. La société de Disney a ainsi créé des univers incroyables : Toy Story et les fantastiques Ratatouille et WALL-E. Enfants et adultes y trouvaient leur compte, avec des lectures différentes. Tout leur intérêt venait du fait qu’il n’y avait pas de vrais méchants, juste de perturbateurs. Adieu donc le côté manichéen classique des Disney. Mais Pixar, c’est aussi de mièvres histoires aseptisées : Némo (un engouement démesuré), Monstres & Cie (malgré une idée intéressante), Cars (scénario facile pour les rêves de petits garçons) et le pire, les Indestructibles (pas drôle, très pro-américain, assez moche). Autant le dire tout de suite, Là-haut se situe entre ces deux catégories.
Carl, vieux grincheux –comme tous les vieux diront certains- rêve depuis toujours de voyager. Quand l’occasion se présente enfin, le voilà parti dans sa maison volante, à fond les ballons à hélium. Sauf que voilà, à l’instar des autres Pixar, un autre personnage va menacer son rêve ; ici, le gentil scout Russel. Le côté bande improbable n’est pas sans rappeler un certain Âge de glace, du concurrent Dreamworks. On tourne vite en rond dans ce long-métrage, qui cherche à piquer la magie d’un Miyazaki sans y parvenir. Là où le créateur nippon revendique le fantastique, Pixar essaie de garder une vraisemblance. Ça marchait avec Ratatouille, où, bien que le rat parle, il ne pouvait pas communiquer par la parole avec l’humain. Ici, les chiens parlent, la maison volante est poussée par la force d’un vieillard. Tout ça ne tient pas debout. Pis, c’est le retour du méchant pur jus, horrible écueil « disneysque ».
Malgré quelques bons passages comiques, Là-hautse révèle un peu longuet. Sa force, il faut la puiser dans l’émotion. Le premier quart d’heure est sûrement l’un des plus beau vu dans un film d’animations. Il nous ferait bien chialer enfants et parents. Il faut dire que la vie de Carl, pleine de poésie, de rêve et de fatalisme ne peut que nous attendrir. Et quand les réalisateurs se donnent la peine de revenir sur le vieil homme, le film atteint une vraie profondeur, dans lequel le public peut s’identifier. Techniquement en revanche, c’est un bond en arrière très étonnant. Là où WALL-Emontrait tout l’étendu du savoir faire Pixar, leur nouveau projet est assez moche. Hormis les milliers de ballons et quelques passages en forêt, les décors demeurent trop pâles. Les graphismes sur les héros font penser aux débuts de Dreamworks (matez donc les oreilles de Carl, digne d’un jeu vidéo d’il y a 10 ans).
Là-hautn’est pas mauvais, et ce, grâce au fil conducteur Carl. Mais quand on a touché les cieux avec ses précédentes productions, on ne peut qu’être déçu d’un retour si brusque au scénario terre à terre. Un comble pour des héros qui veulent prendre de la hauteur.
Là-haut, de Pete Docter et Bob Peterson, avec les voix françaises de Charles Aznavour, Tom Trouffier (U.S.A., 1h35, 2009)
Note : après la déception du système 3D sur l’âge de glace, j’ai estimé qu’une vision 2D de ce film suffisait. Leur nouveau business 3D n’apporte pas grand-chose, donc pas besoin de s’attarder dessus.
La bande annonce de Là-haut ci-dessous: