C'est une autobiographie qui nous est livrée par Ari Folman dans Valse avec Bachir. Sorti à l'été 2008 dans les salles obscures françaises, ce documentaire a glacé le sang de bien des spectateurs. Pourquoi un tel succès? Pourquoi un tel plébiscite critique? Tout simplement car le réalisateur est à l'extrême inverse des positions de son pays. A l'heure où Israël dérape dans une politique toujours plus répressive et loin des idéaux sionistes, Folman fait une thérapie d'ancien soldat, analysant les évènements intelligemment. Le documentaire est une quête de vérité, une volonté de se souvenir. Son but est d'essayer, à travers les divers témoignages, de retracer une vie déchirée par la guerre.
Les cauchemars, la honte des faits, tout cela ne pouvait être montré sans une pirouette technique. A l'instar d'un Persepolis, le choix de l'animation s'avère ô combien réussi. Les tons jaunes, les mouvements lents et élancés, l'aspect infernal des images de guerre, toutes ces scènes repoussent toujours plus loin les limites du film d'animation. Le défaut majeur du style documentaire (à savoir des témoignages filmés en caméra fixe, ne s'attardant que sur les paroles, le tout saupoudré de plans de remplissages) est alors gommé. Chaque intervention sert le récit, à tel point que l'on ne sait plus exactement si tout cela est bien réel.
On pourrait penser que la forme évite une certaine violence des images ; il n'en est rien. En recréant ses cauchemars et en montrant toute la tension et la complexité de la vie de soldat, Valse avec Bachir est un psychologue qui capture le subconscient de son patient. Ari Folman ne nous épargne en aucun cas les scènes de folies meurtrières. Il illustre avec la plus grande finesse toute l'absurdité de la guerre et accepte ses responsabilités. De souvenir de (jeune) cinéphile, jamais une salle de projection n'avait été remplie d'un silence aussi pesant en fin de séance.
Avec un succès aussi bien critique que populaire (près de 500 000 spectateurs au box-office français), Valse avec Bachir a marqué les esprits durablement. Au Liban, où il fut interdit de diffusion, le film fut massivement téléchargé illégalement. Une belle réussite pour un excellent long-métrage qui a dû en déranger quelques-uns dans les hautes sphères israéliennes.
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